Anciennes familles de Provence | ||||
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(d') Ailhaud
Originaires de Castellane et de même souche que
les Ailhaud de Méouille,
les Ailhaud de Castelet et de Brisis, installés dans la
bourgeoisie protestante de Lourmarin vers 1638, ont été anoblis
par charge de secrétaire du roi en 1745, et reçurent le titre de
baron de Castellet en 1758.
Leur ascension tient à la fortune fulgurante de Jean Ailhaud (1675-1756) chirurgien de Lourmarin, inventeur d’une poudre médicinale universelle, dite poudre d’Aillaud, qui connut un très grand succès (purgatif composé de suie et de scammonée). Selon certains historiens, cette affaire fut « la plus fructueuse du XVIIIe siècle » et, en tout cas, l’une des réussites commerciales les plus éclatantes de son temps. Utilisant une réclame immense et s’appuyant sur le réseau des prêtres missionnaires, il exporta son remède partout, de sorte qu'il n'y eut pas une ville en France ni en Europe, et jusqu’en Amérique, dit-on, qui n’eut sa poudre Ailhaud. Grâce à sa fortune, Jean Ailhaud fit
l’acquisition des terres de Castellet, Montjustin et Vitrolles en
Luberon en 1753, et se fit construire un hôtel particulier à Aix
(hôtel d’Ailhaud, 6 rue Mignet). Son fils Jean-Gaspard d’Ailhaud
(1719-1779), docteur en médecine et baron du Castellet, poursuivit
l’œuvre de son père et publia plusieurs ouvrages en faveur de son
remède. Selon le témoignage d’un contemporain, sa fortune à sa
mort était estimée à plus d’un million de francs, ce qui faisait
de lui « l’un des plus riches seigneurs de la Provence »
(lettre du régisseur de Marseille, BdR 42E2). Son frère, l’Abbé du
Castellet, nommé grand vicaire de Carpentras, acheta en 1751 la
baronnie d’Entrechaux, ainsi que plusieurs terres dans les
Baronnies. Le fils de Jean-Gaspard, Jean-Pierre-Gaspard d’Ailhaud
(1747-1800), capitaine général des guides, camps et armées du roi,
mena grand train, partageant son temps entre Paris et la Provence,
et s'endetta jusqu'à la ruine en 1783.
Plusieurs auteurs ont retracé la fortune des Ailhaud, citons en particulier : Marie-Christine Haussy, « La famille Ailhaud aux XVIIIe et XIXe siècles : une dynastie de médecins pionniers du commerce international » in Terre d’Eygues, bulletin de la Société d’études nyonsaises (n°48-49, 2012), et Robert Caillet, L’Affaire la plus fructueuse du XVIIIe siècle. Le Remède universel du Docteur Ailhaud, Paris, 1954. La famille d’Ailhaud forma, à partir de la Révolution, trois branches principales : l’aînée, d’Ailhaud Castelet (le patronyme est écrit traditionnellement avec un seul L), installée à Vitrolles et la Tour d’Aigues, a continué avec distinction l’exercice de la médecine jusqu’à nos jours. Cas singulier dans l’histoire de l’aristocratie, elle compte de fait parmi les plus anciennes lignées de médecins français. La seconde, qui prit le nom d’Ailhaud de Brisis, s’est installée à Nyons où Antoine d’Ailhaud de Brisis (1784-1867) fut médecin et adjoint au maire de sa commune, député et conseiller général de la Drôme. Sa postérité est aujourd’hui toujours représentée par un rameau dans le pays de Dombes. La troisième branche, connue sous le nom d’Ailhaud de Luzerne, se fixa à Céreste et Montjustin où elle a occupé les premières fonctions municipales, et s’est fondue dans la branche aînée en 1886. Armes : de gueules à trois têtes de lion arrachées d'or, au chef cousu d'azur chargé d'un soleil d'or. Identiques à celle des Ailhaud de Méouille. Louis Ailhaud, conseiller au siège d’Aix, issu d’un rameau fixé en cette ville, fit enregistrer pour armes à l’Armorial : d’azur à la fasce d’argent accompagnée de trois étoiles d’or. Son père, Théophile Ailhaud, bourgeois d’Aix, portait des armes similaires, les étoiles étant remplacées par des merlettes.
II
– Laurent AILHAUD (fils de Pierre
marchand) né vers 1540 à Castellane, épouse par contrat du 5
février 1559 Honorade VARRAGES de Draguignan, d’où :
IV
- Anthoine AILHAUD marchand orfèvre à Aix et à
Lourmarin où il se fixe par son mariage, bourgeois,
protestant, né vers 1600 à Draguignan, décédé en 1673; épouse
le 11 juillet 1638 à Castellane, suivant contrat du même jour
(Jean Monestier, not. Lourmarin), Magdeleine de SAVOURNIN née
le 25 février 1621 à Lourmarin, fille de Théophile, bourgeois,
et d’Anne de MEOLHON ; l’époux est
assisté d’Estienne Ailhaud, son frère, en présence d’Henry
Martin, sieur de Beaurepaire. D’où :
V
- Jean AILHAUD bourgeois de Lourmarin, protestant,
abjure vers 1685, né vers 1640, décédé le 26 août 1703 à
Lourmarin, épouse par contrat du 7 janvier 1665 à Marseille
(Pierre Rampal, not.), Anne BAGUET décédée le 13 août 1709 à
Berre, inhumée le lendemain, fille de Pierre, marchand
bourgeois de Marseille, et d’Anne PRAT, l’époux assisté de
Théophile Ailhaud, son frère, et d’Hercule Monestier, notaire,
son beau-frère, l’épouse de François Prat, marchand, son
ayeul. D’où :
VI
- Jean AILHAUD bourgeois de Lourmarin et
chirurgien, étudiant à l’université de Montpellier, exerce
d'abord à Cadenet, puis est reçu docteur en médecine de
l’université d’Aix, invente une poudre purgative dite « poudre
d’Ailhaud » qu’il présente comme un remède universel, et qui
fait son immense fortune (il publie en 1748 un Traité de
l’origine des maladies et de l’usage de la poudre purgative),
fait construire un hôtel particulier à Aix (rue Mignet),
achète une charge anoblissante de conseiller secrétaire du roi
en la chancellerie près le parlement de Provence (provisions
du 4 juin 1745), acquiert les terres de Castellet, Montjustin
et Vitrolles de Louis-Paul de Brancas (1753), au prix de
200.000 livres et 6.000 d’épingles, reçoit du roi le droit de
prétation sur ces terres (lettres patentes du 1er novembre
1753); né le 6 janvier 1675 à Lourmarin, baptisé le 13 en
l’église réformée (parrain Hercule Monestier, notaire royal,
marraine Rose Bus femme de Me Baguet, de la Coste), décédé le
30 août 1756 à Vitrolles ; épouse le 19 mars 1705 en l’église
de Lourmarin, suivant contrat du lendemain (Jean Gabriel
Guiran, not. Cadenet), Anne SAMBUC fille de Pierre,
protestant, et de feue Anne MONESTIER, en présence d’Henri de
Barbeyrac, beau-frère du futur, Jacques Ailhaud, oncle
paternel, Daniel Sambuc frère de l’épouse et autre Daniel
Sambuc son oncle, l’époux assisté de sa mère, d’Henri de
Barbeyrac son beau-frère, et de Jacques Ailhaud son oncle,
l’épouse assistée de son père qui lui constitue 5000 livres de
dot, de Louise Sambuc sa marâtre, Daniel Sambuc son frère, et
autre Daniel Sambuc son oncle, et Jérémie Baguet son oncle
maternel, contrat passé en la bastide de Daniel Genoux, de
Cadenet. D’où :
VII
- Jean-Gaspard d’AILHAUD chevalier, baron de
Castellet, seigneur de Vitrolles, Montjustin, puis
d’Entrechaux, la Roche-sur-le-Buis, Alauzon, Bouvières,
Chaudebonne à la mort de son frère, de Roqueshautes et
Beaurecueil (achat du 19 septembre 1777), etc., docteur en
médecine agrégé en la faculté d’Aix, émancipé par son père le
13 juillet 1744 (Gilles, not.), poursuit l’œuvre de son père
et publie sept ouvrages (dont la Médecine universelle
prouvée par le raisonnement et démontrée par l’expérience en
1765), succède à son père dans l’office de conseiller
secrétaire du roi, maison, couronne de France en la
chancellerie près le parlement de Provence (provisions et
lettres de survivance du 2 juillet 1757), créé baron du
Castelet (lettres patentes de novembre 1758), obtient
l’exemption des droits d’entrée, sortie et circulation de sa
poudre (arrêt du Conseil d’Etat du 25 avril 1769, lettres
patentes du 21 juin 1769, arrêt renouvelé le 26 décembre
1773), et l’autorisation de la distribuer dans tout le royaume
(lettres patentes données à Versailles le 15 mars 1772), nommé
gouverneur de la ville et du comté de Forcalquier, rend
hommage pour ses biens le 20 novembre 1775, teste le 27 août
1778, il signe le baron de Castelet, son portrait a
été peint par Arnulphy et gravé par Cousin ; baptisé le 18
juin 1719 à Pertuis (parrain Pierre Monestier, marraine Louise
Carbonnier), décédé le 11 novembre 1779 à Crillon, épouse le 5
juillet 1746 en l’église Notre-Dame des Accoules à Marseille,
suivant contrat signé le 3 juillet en la maison du sieur Icard
(Boyer, not.), Anne-Luce ICARD âgée de 17 ans, fille de feu
Pierre, négociant de Marseille, et de Marguerite ROUX,
l’épouse autorisée de sa mère et de Gaspard Rogon son
curateur, et dotée de 15.000 livres comme légataire de son
père (1742), et de 9.000 livres de sa mère et de son frère,
l’époux donataire de la charge de secrétaire du roi de son
père. D’où :
VIII
– Jean-Pierre Gaspard d’AILHAUD de CASTELET chevalier,
baron de Castellet et d’Entrechaux, seigneur de Vitrolles,
Montjustin, la Roche-sur-le-Buis, Alauzon, la Garde et autres
lieux, chevau-léger de la garde ordinaire du roi, colonel de
cavalerie, reçu en la charge de capitaine général des guides,
camps et armées du roi, grand maréchal des logis de la maison
du roi, obtient l’érection de la terre d’Entrechaux en
baronnie (1771), vit à grand train et s’endette, est ruiné en
1783, nommé inspecteur en chef de l’armée départementale sous
la Révolution, vend son domaine de Laverne et la Garde (28
août 1795), est aussi reçu médecin ; né le 18 août 1747 à Aix,
baptisé le lendemain en l’église Sainte-Madeleine (parrain
Jean Ailhaud, conseiller secrétaire du roi, son grand-père,
marraine Marguerite Roux Icard sa grand-mère), décédé le 18
septembre 1800 à Arles ; épouse le 19 février 1771 à
Entrechaux (Vaucluse), (Anne Marguerite) Thérèse de CARITAT de
CONDORCET, baptisée le 12 décembre 1750 à Condorcet, fille de
François Hélaine, comte de Condorcet, baron de Piles, seigneur
de la Roche-sur-le-Buis, Estelon et autres places, commandant
de chevau-légers du pape, et d’Anne d’HERAIL de BRISIS,
mariage béni par l’Abbé d’Ailhaud, baron d’Entrechaux son
oncle, qui lui fait don d’une somme de 100.000 livres.
Marguerite de Condorcet est légataire d’une partie des biens
de son père par acte du 11 mars 1782 (Mouret, not. Peypin
d’Aigues), et créancière de son mari, alors endetté, elle
obtient séparation de biens par jugement du tribunal de
Valence du 17 mars 1796, meurt le 19 avril 1813 à Vitrolles.
D’où :
IX
– Jean Pierre d’AILHAUD de CASTELET docteur en
médecine, maire de Vitrolles, fait publier un avis dans le Journal
de Paris le 1er février 1801 dénonçant la contrefaçon
de poudre vendue par son oncle Louis-André Ailhaud ; né le 10
octobre 1774 à Vitrolles, baptisé le même jour en l’église
paroissiale (parrain Jean-Gaspard d’Ailhaud, son grand-père,
marraine Anne Luce Icard sa grand-mère), décédé le 20 février
1838 à Vitrolles ; épouse le 7 février 1804 à Vitrolles,
Véronique RAZAUD née le 30 juillet 1774 à la Motte-Chalançon
(Drôme), fille d’André, propriétaire, et de Jeanne Marie
MOURIER. D’où :
X
- Léon d'AILHAUD de CASTELET docteur en médecine
de la faculté de Paris, exerce à Vitrolles, propriétaire, né
le 13 mai 1805 à Vitrolles, y décédé le 5 septembre 1853,
épouse le 23 janvier 1851 à la mairie de Vitrolles, Marie
CLAPIER, née le 15 septembre 1819 à la Bastide-des-Jourdans,
décédée le 24 décembre 1902 à Marseille, fille de Joseph,
marchand de comestibles à Marseille, et de Catherine Laure
ESTELLE. D’où :
XI
- Edouard d’AILHAUD-CASTELET baron de Castelet et
de Vitrolles, docteur en médecine, maire de Vitrolles (1892),
fait rétablir sa particule par jugement en octobre 1883 ; né
le 22 mai 1853 à Vitrolles, décédé le 14 septembre 1915 à
Céreste ; épouse le 25 novembre 1886 à Céreste, Amélie d’AILHAUD
de LUZERNE, fille d’Adolphe, juge de paix, et de Léonie
ASTOUD. D’où :
XII – Jean d’AILHAUD-CASTELET docteur en médecine, médecin aide-major au 4e colonial, croix de guerre 14-18, directeur du dispensaire d’entraide sociale de Périgueux, chev. LH (1934), médecin capitaine (1939), né le 25 décembre 1887 à Vitrolles, décédé le 3 juillet 1946 à Périgueux ; épouse le 16 avril 1921 à Aix, Marie PRALIAUD infirmière, chev. LH (1938), née le 26 juin 1886 à Malzieuville (Lozère), fille de Louis, cafetier, et de Marie-Anne BERARD. 2) le 30 octobre 1940 au Bouscat (Gironde), Gilberte LAFITTE. Branche subsistante.
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