Anciennes familles de Provence
     

 

(d') Audiffred


 

 


Famille ancienne de Haute-Provence qui a formé de très nombreuses ramifications. Saint-Allais en a donné une généalogie (tome XIX p.236, reprise sur le site de Gilles Dubois) dont nous pouvons, grâce aux registres paroissiaux de la ville de Manosque, donner une version plus complète, en ce qui concerne la branche de Manosque.

Voir aussi la branche aixoise des Audiffredy sur le site de S. Radiguet.

Plusieurs membres des Audiffred firent registrer leurs armes à l'Armorial de France. Etienne d'Audiffred, sieur de Beauchamps, et Pierre Audiffred, écuyer : d'or au chevron d'azur chargé de cinq étoiles d'or, accompagné en pointe d'un faucon de sable, la tête contournée, le pied dextre levé et le senestre grilleté d'or et posé sur une terrasse de sable, et une bordure denticulée du même. Philibert d'Audiffred, leur parent, variait la terrasse par un mont de sinople.

D'autres eurent des armes particulières, sans doute attribuées d'office. Jean Pierre Audiffret écuyer, sieur de Saint-Jaume, portait en effet : de sinople à la fasce d'argent, coupé d'argent au lévrier de sinople. Jean-Pierre, Pierre et Etienne, écuyers de Manosque, Marguerite d’Audiffred veuve d’Antoine de Fauris, et Anne d'Audiffred portaient : d'or au cheval cabré de gueules.


 

Nous rapportons enfin, concernant les Audiffred de Manosque, cette anecdote étonnante trouvée dans les notes manuscrites qui accompagnent le livre de raison du sieur Trophime Tronc de Codolet, embrassant les années 1730-40 (Ms. Méjanes 1167) et probablement de la main même de l’auteur, traçant avec beaucoup d’esprit et d’humour le portrait d'une Mme d'Audiffred, de ses fils et de sa fille, installés en la ville de Salon.

 

« Pierre Audifredi passa en Espagne au service de la reine Jeanne mère de Charles Quint et fut fait gouverneur de Lérida. Eut 11 enfants d’Antoinette de Barralier qui se dispersèrent. Gaspard et Guillaume se retirèrent en Provence et Gaspard s’arrêta à Aix où il fit tige de laquelle sortent ceux de Bonnieux et de Manosque. De cette dernière branche nous avons veu trois frères, leur soeur et leur mère demeurer à Salon, la mère était une bonne et dévote femme qui mourut en cette ville et fut ensevelie dans la chapelle de Notre-Dame dans l’église parroissiale de Saint-Michel, la fille était un remède contre la tentation, l’aisné des frères avait été major du régiment de [blanc] s’estant retiré du service il devint un redoutable chicaneur il fait lui-même ses écrits. Il a de l’air d’un satyre et sa physionomie ne ment point. Son puisné est capitaine, veuf et a un garçon. Il est actuellement capitaine d’infanterie, homme d’esprit et de coeur, le 3e était abbé il a quitté le petit colet pour prendre l’épée il est aussi capitaine. Ces messieurs estaient propriétaires du logis du Cheval Blanc et quelques autres biens au terroir de cette ville, mais la taille le leur retranche peu à peu, de sorte qu’ils en seront bientôt affranchis. »

 

Au risque de paraître trivial, nous ne résistons pas à la tentation d’en souligner la richesse :

  • « la fille était un remède contre la tentation » à cause de sa laideur,
  • « il fait lui-même ses écrits », comprenez : il rédige lui-même ses actes afin d’éviter les frais du notaire,
  • « sa physionomie ne ment point » : il est effectivement ce qu’il donne à voir, c’est-à-dire un satyre,
  • « de sorte qu’ils en seront bientôt affranchis » : afin de payer l’impôt (la taille) sur ce qu’ils ont, les Audiffred seront obligés de vendre et n'ayant plus de bien, ils ne paieront dès lors plus la taille et en seront délivrés. Un cercle vicieux, qui hélas ne manque pas de pertinence, ni d'actualité...

Il s’agit de Louise de Jouffroy veuve de l’avocat Audiffred, décédée en 1701, et de ses fils Pierre, major, Pierre-Antoine, et le troisième, peut-être Ignace.




 
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