Anciennes familles de Provence | ||||
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(de) Maynier
Famille présente à Manosque au XVe siècle, peut-être de souche chevaleresque. Jean-Baptiste Meynier, ou Maynier, y était notaire de 1576 à 1585. Son petit-fils Honoré de Maynier, marié en 1635, fut pendant trente ans huissier au parlement d’Aix. Cette charge étant roturière, il s’en démit en janvier 1669 afin d’obtenir, par la production de titres anciens, un jugement de maintenue de noblesse. Celui-ci fut rendu le 25 avril 1669 mais comportait deux conditions : d’une part, d’acquitter les 300 livres d’amende pour « dérogeance », et d’autre part, d’obtenir des lettres de réhabilitation de noblesse. Ces dernières furent octroyées par le roi le 25 avril 1672. Elles se heurtèrent cependant au refus du procureur général de la cour des Comptes chargé de les enregistrer, qui releva une impossibilité de filiation entre le premier titre invoqué, remontant à l’an 1178, et le second daté de 1446. Une vérification des actes dans les archives de Manosque fut ordonnée. Cette mission fut confiée au conseiller d’Antoine et à l’avocat général, Boniface de Joannis. Elle débuta le 14 juin 1676 pour finir douze jours plus tard par l’enregistrement des lettres de relief, c’est-à-dire la validation des titres mais aussi, et surtout, l’approbation pure et simple de la filiation erronée présentée par Maynier. Une « décision surprenante », écrit F.-P. Blanc, mais qui souligne, par-delà le manque d’intégrité des magistrats, toute la complexité et les enjeux de ces maintenues. Balthasar de Maynier (1639-1733) fils d’Honoré, d'abord officier au régiment de Chevreuse, fut avocat au barreau d’Aix. Reprenant le nom et les armes des Maynier de Saint-Marcel mentionnés dans les chartes, il est l’auteur de l'Histoire de la principale noblesse de Provence publiée à Aix en 1719, mais également, selon le baron Scipion du Roure, le véritable auteur de la Critique du Nobiliaire de Provence attribuée communément à Barcillon de Mauvans. Esprit infatué et sans scrupules, « aigri par l’insuccès de ses démarches pour faire réviser les jugements de noblesse récents, dont sa famille avait été exclue, il fut obligé de postuler des lettres de réhabilitation en 1692, ce qui dut être pour lui une cruelle mortification, après s’être donné une descendance des illustres seigneurs de Saint-Marcel Francfort » (Les Maintenues de noblesse par Belleguise t.III, 1923, introduction). En janvier 1697, ayant achevé la Critique, il sollicita du comte de Pontchartrain, alors secrétaire d’Etat, l'honneur de parrainer son ouvrage. Sa lettre, publiée par Du Roure en 1910, ne manquait pas d'audace : « Je dédierai à Votre Grandeur mon livre de l’épurement de la noblesse de Provence, si vous me le permettés (...) Par votre protection, Monseigneur, j’obtiendrai la protection de Sa Majesté de le faire imprimer à Lyon, sans pourtant que mon nom paraisse ». Plus loin, il en viendra même à solliciter rien moins qu’un office de juge d’armes de France à Aix ou à Marseille. Ses prétentions exagérées, ses manières cavalières déplurent fortement. Il n’obtint ni l’un ni l’autre, et le futur chancelier lui fit connaître son refus sans ménagement (Du Roure in Compte-rendus et mémoires du Congrès des sociétés savantes de Provence, 1910, p.345). Marié à Marseille en 1673, Balthasar de Maynier eut une fille, Marquise, mariée au fils du conseiller au comptes Dedons du Lis, et un fils Balthasar (1681-1735), enseigne de vaisseau à Toulon, mort sans postérité. Armes : d’azur à un chevron accompagné en chef à dextre d’une rose et à senestre d’une étoile, le tout d’or, et en pointe d’un cygne d’argent. Ce sont les armes que les Maynier de Manosque adoptèrent en référence à cette fameuse charte de 1178, tirée des archives de la ville, par laquelle Bertrand, comte de Forcalquier, aurait inféodé « la terre de Saint-Marcel à Guillaume de Maynier, un de ses chevaliers et barons, causée pour services rendus en ses guerres, tant par lui que par ses aieux » (Critique, art. Maynier). « Cette charte d’inféodation, est-il précisé plus loin, porte clause de concession d’une étoile et d’une rose d’or en chef, et d’un cygne en pointe, avec sa devise : ad nobiliora tendo, aux armes que Guillaume de Maynier portait déjà simplement : d’azur à un chevron d’or ». Authentique ou non, cette charte crée assurément un lien héraldique entre les Maynier de Manosque et ceux de Digne, dont les armes étaient d’azur au chevron d’or. Les Maynier de Digne, co-seigneurs d’Aiglun, mais présents à Aix dès 1503 (mariage de noble Pierre Maynier co-seigneur d’Aiglun, fils de noble Pierre, de Digne, avec Catherine Majeure, le 23 octobre 1503), firent souche à Draguignan où ils sont attestés dès le début du XVIe siècle. Devenus co-seigneurs du Revest-des-Brousses et de Collobrières, ils adoptèrent les mêmes armes que ceux de Manosque, et s’éteignirent à la fin du XVIIe siècle. Des armes similaires, mais avec variation de couleur, furent enregistrées à l’Armorial général par deux autres personnages : Marquise Meynier, veuve de Jean-François Laugier, bourgeois d’Aix (les meubles étant tous d’argent), et Dominique Meynier, procureur au siège d’Aix (les meubles étant tous d’or). L’un et l’autre, tante et neveu, appartenaient à une lignée d’artisans connue à Aix depuis Pierre Mainier, bastier, marié en 1571.
Filiation ancienne alléguée :
I – Pierre MAYNIER père de : II - Audibert MAYNIER de Digne, épouse par contrat du 16 février 1506 à Manosque, Anthonone BONNET fille de Pierre et de Doulcette d'AIGREMONT. Elle teste le 5 novembre 1555 à Manosque. D’où :
III - Nicolas MEYNIER ou Maynier, épouse en 1540, Françoise AYMAR fille de Laurens ; remariée à Claude SELLON puis à Honoré LOMBARD, elle fait un testament le 6 septembre 1578 à Manosque, par lequel elle nomme ses enfants Jean-Baptiste Meynier et Anthonone Sellon. D’où : IV – Jehan-Baptiste MEYNIER notaire royal à Manosque de 1576 à 1585, premier consul de la ville en 1580, baptisé le 15 août 1553 en l’église Notre-Dame de Romigiers à Manosque, décédé avant 1594, épouse par contrat du 29 août 1568 à Manosque, Françoise REBUT née en cette ville en février 1557, fille de Louis, marchand chaussetier, et de Charlotte GARNIER. Elle meurt à Manosque le 13 avril 1619 à l’âge de 72 ans, et est inhumée en l’église Notre-Dame. D’où :
V – Scipion MEYNIER bourgeois de Manosque qualifié écuyer (notamment dans son contrat de mariage) ; baptisé le 20 août 1581 en l’église Saint-Sauveur de Manosque (parrains Rolin Arnaud, Alexandre Michel et Rostan Beau, marraine Marguerite Sigaud), décédé avant 1635 ; épouse par contrat du 13 janvier 1605 à Manosque, Marguerite d’ANDRE fille de Paulet, bourgeois, et de Nicolane RICHAUD. D’où :
VI – Honoré de MAYNIER écuyer d’Aix, praticien, nommé huissier au parlement de Provence par lettres du 26 janvier 1638, en l’office précédemment exercé par Georges Artaud, il se démet de sa charge le 12 janvier 1669, à l’époque des vérifications de noblesse, en faveur de Pierre Ripert, obtient un jugement de maintenue de noblesse le 8 avril 1669, assorti d’une amende de 300 livres pour dérogeance et d’un renvoi à demande de réhabilitation ; ces lettres de réhabilitation de noblesse lui sont accordées à Versailles le 25 avril 1672, et enregistrées à la cour des Comptes de Provence le 27 juin suivant malgré l’opposition du procureur général ; il a été baptisé le 15 juin 1608 en l’église Saint-Sauveur de Manosque (parrain capitaine Honoré Colomby, marraine Marguerite du Mayne), épouse le 8 janvier 1635 en l’église de la Madeleine d’Aix, et suivant contrat passé le 14 janvier, Marguerite de GUERIN fille de feu Bernardin, praticien d’Aix, et de Ginèbre de CHARRIER, les témoins sont Honoré Thomassin et Nicolas Esmieu. D’où :
VII – Balthasar de MAYNIER FRANCFORT écuyer, qualifié seigneur de Francfort ou de Saint-Marcel-Francfort, sert dans la compagnie de chevau-légers de la garde ordinaire du roi commandée par le duc de Chevreuse, puis docteur en droit de l’université d’Aix et avocat au parlement de Provence, reprend le nom et les armes des « anciens seigneurs de Saint-Marcel Francfort » dont il se disait issu, il est l’auteur de l’Histoire de la principale noblesse de Provence publiée à Aix en 1719, mais également serait l’auteur de la non moins célèbre Critique du Nobiliaire de l’abbé Robert ; né en 1639 à Aix, décédé en 1733, épouse par contrat du 21 octobre 1673 à Marseile (Besaudun, not.), Anne de LAFONT fille d’Etienne, et de Marguerite de RAYMOND. Elle meurt à Aix le 29 mars 1725, âgée d’environ 70 ans, et est inhumée le lendemain en la paroisse Saint-Sauveur. D’où:
VIII - Balthasar de MAYNIER FRANCFORT écuyer, qualifié seigneur de Francfort (fief qui n’a jamais existé selon Du Roure), officier de marine, engagé dans la marine comme volontaire, il servit durant la campagne du Ponant sous les ordres du chevalier de Gineste puis en 1697 à bord du vaisseau commandé par le chevalier de Palais, obtient un brevet de garde-marine au département de Toulon le 1er février 1703, nommé enseigne de vaisseau du roi le 25 novembre 1712, et enfin lieutenant de vaisseau le 1er octobre 1731 ; né le 22 août 1681 à Aix, baptisé le 25 en l’église de la Madeleine, décédé le 12 septembre 1735 à Hyères, âgé de 54 ans ; épouse 1) alors émancipé par son père, le 1er novembre 1716 en la cathédrale Sainte-Marie de Toulon, Thérèse-Lucrèce DURAND veuve de François LIEUTAUD, avocat en la cour, fille de feu Jacques, avocat en la cour, et de Thérèse ROUSTAN, en présence des témoins Noël Sicard, prêtre, Jean Brémond, Hyacinthe Hermitte, ecclésiastique, et François Martelly procureur. 2) le 28 avril 1726 en la cathédrale Sainte-Marie de Toulon, Magdeleine de CUGES d’EVENOS fille de feu César, et de Marguerite DECUGES, les témoins sont Claude de Beaucaire, seigneur de Bouchet, capitaine des vaisseaux du roi, inspecteur de la Marine, Charles Prosper d’Astour, écuyer, lieutenant des vaisseaux de roi, Joseph de Cuges seigneur d’Evenos et d’Orves, et noble Jean-Baptiste de Brueil seigneur de Rodillat, tous de la ville de Toulon ou y habitant. Magdeleine de Cuges se remarie le 24 novembre 1740 en l’église Sainte-Marie de Toulon, à noble François-Michel de PRADIER d’AGRAIN écuyer, capitaine dans le régiment de Landes, natif de la ville du Puy en Auvergne. Sans postérité.
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