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Anciennes familles de Provence | |||
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Chaix d'Est-Ange
Famille d’avocats célèbres du barreau de Paris au XIXe siècle, également connue pour le généalogiste Gustave Chaix d'Est-Ange (1863-1923), auteur du Dictionnaire des familles anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, publié de 1903 à 1929 et resté inachevé. L’origine des Chaix d’Est-Ange se situe à Moustiers en Haute-Provence : Pierre Chaix, auteur de la famille, y est en 1640 maître parandurier, c’est-à-dire qu’il dirige un moulin à foulon. L’un de ses fils, François Chaix, potier à terre, sans doute habitué à la fabrication des fayences dont sa ville natale s’était fait une spécialité aux XVIe et XVIIe siècles, s’installe à Apt où il se marie en 1675 : son fils Gaspard Chaix, et son petit-fils, autre Gaspard Chaix, y exerceront le même métier. Richard Chaix d’Est-Ange (1757-1820), fils aîné de ce dernier, clerc de la cathédrale d'Apt, était en 1789 prêtre et aumônier de l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. Enflammé par les idées de la Révolution, il fait partie des curés-patriotes qui prêtent serment à la constitution civile du clergé le 9 janvier 1791. Renonçant à ses voeux, il se marie en 1795 dans la bourgeoisie de Caen et sera, sous l’Empire, procureur général auprès du tribunal de Reims. Héritier de son goût pour la rhétorique, son fils Gustave Chaix d’Est-Ange (1800-1876), inscrit au barreau de Paris, sera l’un des avocats les plus éminents, et son nom associé aux affaires judiciaires les plus célèbres de la Restauration. Elu plusieurs fois député de la Marne sous la Monarchie de Juillet, sa carrière renouera avec les honneurs à l’avènement de Napoléon III. Egalement avocat, son fils Gustave Chaix d’Est-Ange (1832-1887) sera l’avocat de la Société des artistes français, défenseur des oeuvres de Flaubert ou Baudelaire. Gustave Chaix d’Est-Ange (1863-1923) fils de ce dernier, propriétaire d'importants vignobles dans le Médoc, sera le généalogiste bien connu ; n’ayant point eu d’enfant de son union en 1895 avec Georgine de Fumel, issue d’une des plus vieilles familles de Guyenne, il lèguera ses biens à l’un de ses neveux du côté maternel. Concernant le nom « d’Est-Ange », ceux qui voudraient légitimement découvrir à quel lieu-dit, ou à quelle famille il se rattache, chercheraient en vain car il ne s’agit ni de l’un, ni de l’autre. Cas assez singulier dans l’histoire patronymique, ce nom est en réalité la corruption orthographique de l’appellation « de Saint-Ange » écrite couramment « De St-ange » que portait en religion l’abbé Richard Chaix, et qui a été volontairement gardée par lui sous la forme « D’Est-Ange » au moment de la Révolution ; usant de son influence auprès du tribunal de Reims, il la fera inscrire à son état-civil et à celui de ses enfants par décision de justice en 1817. Armes : de gueules à un lion d’or couronné, armé et lampassé du même. Il s’agit des armes figurant à la notice que Chaix d’Est-Ange consacra à sa propre famille dans son dictionnaire généalogique, et qui sont celles des Chaix de Sisteron, seigneurs de la Penne en 1582, auxquels l’auteur se croyait apparenté, non sans raison peut-être, à un âge reculé, mais en tout cas sans preuve.
I - Rostang CHAIX teste le 13 juin 1625 à Moustiers, décédé avant 1640, épouse Honorade BEC, qui teste, veuve, le 14 avril 1634 puis le 12 septembre 1654. D'où :
II - Pierre CHAIX parandurier (paradouriaire) ou foulonnier de Moustiers, il est celui qui dirige un moulin à foulon (ou l’ouvrier qui apprête les draps et étoffes de laine sur le foulon), épouse par contrat du 22 avril 1640 à Moustiers, Catherine MERCHIER fille de feu Honoré, et d'Isabeau BOUSQUET. D’où :
III - François CHAIX potier à terre, né vers 1650 à Moustiers diocèse de Riez, épouse le 10 octobre 1675 en l’église cathédrale d’Apt, Gabrielle ILLY d’Apt, âgée d’environ 15 ans, fille d’Etienne et de Françoise ROUX, présents, ainsi que le père de l’époux, et Gaspard Sallèles, chanoine de l’église d’Apt, Antoine Brun marchand, Poncet Brun marchand, et Raymond Jaumard, témoins. D’où :
IV - Gaspard CHAIX potier à terre à Apt, né le 18 septembre 1681, baptisé le même jour en l'église cathédrale de la ville (parrain Gaspard Pelenc, marraine Catherine Agnel), décédé avant 1756 ; épouse le 28 août 1707 en l’église Saint-Symphorien d’Avignon, Marie VILLARD. Décédée après 1756. D’où :
V - Gaspard CHAIX potier à terre à Apt, né le 13 et baptisé le 17 septembre 1725 en la cathédrale d'Apt (parrain Gaspard Auphan, marraine Hélène Condamin), épouse le 4 octobre 1756 en l’église cathédrale d’Apt, Suzanne Catherine BERTHE fille de feu Jean, cordonnier, et de Marie-Anne ROUX, en présence de Jean Chave, cordonnier, François Chaix, frère de l’époux, des R.P. André Brun et Jean-Baptiste Devaux, religieux mineurs conventuels d’Apt. D’où :
VI – Richard CHAIX puis CHAIX de ST-ANGE et CHAIX d’EST-ANGE clerc tonsuré d'Apt, pourvu de la chapellenie de Notre-Dame de Grâce et de Saint-Jean-Baptiste par l'évêque d'Apt en 1773, vient à Paris où il s’exalte pour les idées révolutionnaires, prononce en 1789 un discours « pour la bénédiction des drapeaux du district de Saint-Victor » qu’il fait imprimer sous le titre De l’influence de la religion sur le patriotisme et la liberté ; prêtre de la paroisse Saint-Médard, affecté à l’aumônerie de l’hôpital de la Salpétrière, lié à l’abbé Fauchet et au Cercle social, il est relevé de ses fonctions en juin 1790 à cause de ses positions radicales, prête serment civique le 9 janvier 1791, quitte Paris pour la Normandie où il est nommé grand vicaire de l'évêque constitutionnel du Calvados, et prononce le discours patriotique de la fête de la Fédération de Bayeux, le 14 juillet 1791 (Discours prononcé sur l’Autel de la Patrie), nommé curé de Saint-Etienne de Caen en 1793, il fait imprimer la même année un libelle Aux habitants des communes du département du Calvados, puis quitte la prêtrise, se marie et se tourne vers la magistrature, s’installe à Reims où il exerce, durant le Consulat et l’Empire, les fonctions d’accusateur public et de procureur général près la cour criminelle de la Marne, ces fonctions ayant été supprimées par les réformes de 1811, il quitte Reims et se fait inscrire au barreau de Paris mais sans beaucoup d’espoirs, n’ayant ni relations ni fortune ; nommé chevalier de la Légion d’Honneur, il obtient par jugement du tribunal de Reims le 13 janvier 1817 de faire établir sur l’état-civil de son fils le nom de « d’Est-Ange » ; né le 4 octobre 1757, baptisé le lendemain en la cathédrale d'Apt (parrain Richard Roux, marraine Marie Villars sa grand-mère), décédé à l’âge de 62 ans, le 28 mars 1820 à Paris. Epouse le 5 floréal an III (24 avril 1795) à la maison communale de Caen, (Marie Françoise) Victoire LORGE âgée de 22 ans, née le 31 mars 1773 à Caen, fille de Nicolas, marchand tanneur, juge-consul au consulat de Caen, et de Marie-Anne Jacqueline LELONG. Elle est la soeur du futur général Lorge (1768-1826), baron de l’Empire et grand officier de la Légion d’Honneur, et de Marie-Jeanne Lorge épouse du sieur Graindorge de la Joinière, parent du général Jean-François Graindorge (1772-1810), baron de l’Empire et commandeur de la Légion d’Honneur. Elle meurt le 29 janvier 1820 à Paris, à l’âge de 46 ans. D’où :
VII - Gustave CHAIX d’EST-ANGE considéré comme l’un des plus célèbres avocats de son temps, élève au lycée de Reims, il est reçu avocat au barreau de Paris en 1819, il fut trois fois bâtonnier de l’ordre, député de la Marne de 1831 à 1834, de 1837 à 1842 et de 1844 à 1846, procureur général près la cour d’appel de Paris (1857), conseiller d’Etat (1858), sénateur de l’Empire (2 novembre 1862), vice-président du Conseil d’Etat (1863), et du conseil municipal de Paris, secrétaire du Sénat, dignitaire de la Légion d’Honneur (chevalier le 1er mai 1834, officier le 4 mai 1845, commandeur le 11 août 1858 et enfin grand officier le 13 août 1861), grand officier de l’ordre de Léopold de Belgique, amateur d’art et collectionneur de tableaux, propriétaire viticole en Gironde, acquéreur en 1866, à Margaux, du cru Château Monbrison puis en 1867 du Château Lascombes, il y fait contruire le château actuel ; né à Reims le 11 avril 1800 (21 germinal an 8), il meurt d’une rupture d’anévrisme en son hôtel de la rue Saint-Georges n°15 bis, à Paris, le 14 décembre 1876 à l’âge de 76 ans, ses obsèques sont célébrées le 18 à Notre-Dame-de-Lorette, sa paroisse. Epouse le 17 mai 1827 à Paris, Claire DELAPORTE née le 22 mai 1805 à Paris, fille de feu Pierre-François, négociant à Paris, et de Camille Marguerite RINGARD. Elle décède à Paris en son hôtel de la rue Saint-Georges le 9 avril 1865, âgée de 59 ans. D’où :
VIII - Gustave CHAIX d’EST-ANGE licencié en droit, avocat à la cour d’appel de Paris, avocat de la maison de l’Empereur Napoléon III et de la Société des artistes français, député puis conseiller général de la Gironde (de juin 1864 à octobre 1871, puis d’octobre 1874 à août 1880), grand propriétaire en Gironde, héritier du château Lascombes à Margaux en Médoc, à la mort de son père (1876), et à Arsac, chevalier de la Légion d’Honneur (décret du 22 novembre 1860), né le 9 juillet 1832 à Saint-Mandé, décédé à l’âge de 54 ans le 22 mai 1887 aux Batignolles, épouse le 5 mai 1862 à la mairie du 8e arrondissement de Paris, religieusement le lendemain, et suivant contrat passé le 29 avril à Paris (Devès notaire), Jeanne SIPIERE âgée de 18 ans, née à Paris le 29 septembre 1843, fille de Théophile (1809-1870), banquier, propriétaire viticole en Médoc (château Desmirail à Margaux), et de Julie Joséphine ARCHDEACON (1817-1902), les témoins des époux sont Achille Fould ministre des Finances et sénateur, Eugène Rouher ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, sénateur, Maurice Archdeacon, syndic honoraire de la chambre des courtiers de commerce, chevalier de la Légion d’Honneur, ayeul maternel de l’épouse, et François Jules Devinck député et conseiller de Paris. Elle décède à Paris le 29 octobre 1917. D’où deux enfants :
IX - Gustave CHAIX d’EST-ANGE 3e du nom, propriétaire, historien et généalogiste, célèbre pour son Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, ouvrage resté inachevé, né le 23 avril 1863 à Paris, rue Jean Goujon n°6 (8e), décédé le 18 mai 1923 à Paris, âgé de 60 ans, inhumé au cimetière de Montmartre, avait adopté en 1919 son neveu le marquis Emmanuel du Bourg de Bozas (1894-1990), petit-fils du baron Sipière frère de sa mère, à qui il lègue ses biens ; épouse le 14 février 1895 en l’église de Lamarque (Gironde), Georgine de FUMEL âgée de 21 ans, née le 14 septembre 1873 au château de Lamarque, fille de Henri, comte de Fumel (1831-1901), et de Hildegarde Marie Joséphine MOUCHET de BATTEFORT de LAUBESPIN (1847-1880), les témoins du marié sont le baron Joseph du Teil et le baron Sipière, son beau-frère et son oncle, ceux de la mariée le comte Camille de Laubespin et le comte de Las-Cases. Mariage déclaré nul et non consommé en cour de Rome, à la requête de l’épouse. Elle épouse en 1907 son cousin Paul BRUNET marquis d’EVRY (1864-1933) dont elle a deux enfants, et meurt le 5 juillet 1963, dans sa 90e année.
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