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Anciennes familles de Provence | |||
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(de)
Colin
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La famille Colin du Janet est originaire de
Lambesc, où sa filiation est établie depuis 1510 : elle est alors
paysanne et a pour nom Masson. La baronnie de Lambesc étant aux
Guise, elle porta les armes sous la Ligue et s’y distingua, prit
le qualificatif d’écuyer et obtint que sa terre du Janet fût
érigée en arrière-fief de la baronnie. Essentiellement militaire
durant quatre générations, elle est maintenue noble en 1668 ;
toutefois cette reconnaissance ne put se faire qu’au prix d’une
falsification de titres.
En effet, la version soutenue par la famille et publiée dans les nobiliaires (Pithon-Curt, La Chesnaye), s'avère inexacte. L’auteur de la famille, André Colin, présenté comme « écuyer » dès 1555, fils d’un certain Charles Colin venu de Flandres, était en réalité simple bourgeois de Lambesc. Son père, Anthoine Masson, et son oncle Guilhem Masson y étaient laboureurs. Marié en 1539 à Anthorone de Pena, de Draguignan, André Masson dit Collin fut élu consul de Lambesc en 1577 et fit plusieurs testaments entre 1588 et 1596. C’est grâce au dépouillement du notariat de Lambesc (travail remarquable de Mmes Reynaud et Bolander, et M. Fernandez), que l’origine des Colin peut être mise au jour. Ces relevés mettent en évidence deux falsifications : l’acte de mariage d’Isabeau Collin, fille d’André, en 1565, dont la minute a été grattée jusqu’à créer des trous à chaque emplacement du nom Masson, et le testament d’André Collin de 1555 chez Alméras qui le dit fils d’un Charles alors que tous les autres actes nomment son père Anthoine. L’obligation faite aux nobles de prouver leur qualité antérieurement à 1550, imposée par Louis XIV, est certainement à l’origine de ces retouches. Il est permis dès lors d'émettre des réserves quant à l’authenticité de l’acte d’aveu et dénombrement de la terre du Janet du 10 octobre 1522. Par ailleurs, l’origine du surnom de Collin porté par Anthoine Masson et son fils André reste non élucidée (simple surnom ? parenté avec les Collin, d’Orgon ?). La famille Colin a formé deux branches : l’aînée conserva la bastide du Janet près de Lambesc et s’allia aux Forbin, Saboulin et Thomas de la Valette. Elle s’est illustrée par le capitaine François Colin du Janet (1601-1658), qui commanda plusieurs galères dans la guerre contre l’Espagne et fut blessé au siège de Tortose (1648), et par le Père Honoré du Janet (1611-1691), son frère, célèbre oratorien. Elle disparaît en 1719 à la mort d’Albert-Paul de Colin du Janet, leur neveu, colonel des milices de Provence (1691), dont les deux fils, Balthasar et Jean-Baptiste, l’un officier dans le régiment de Bourgogne, l’autre dans les gardes du duc de Vendôme, meurent au service du roi. La branche cadette se fixa vers 1630 à Cavaillon. Héritière de la famille de Bus, elle s’éteint avec César de Collin de Bus (1698-1776) viguier de Cavaillon, qui ne laisse de son mariage avec Rose de Boyery que des filles : l’aînée est mariée en 1753 au vicomte de Sade-Vauredone, les trois autres se font religieuses (dont l’une décédée en 1796). La bastide du Janet, à 4 km de Lambesc, gravement détériorée par le séisme du 11 juin 1909, fut abattue. Un sort identique a frappé l’hôtel du Janet, vendu par les Colin en 1735, et devenu l’hôtel de ville de Lambesc. Armes : d’or à la bande de gueules chargée de trois haches d’armes d’argent. Elles furent ainsi enregistrées à l’Armorial général par Albert-Paul de Colin, seigneur du Janet, colonel d’un régiment d’infanterie.
I – Pierre MASSON teste à Lambesc en 1510, épouse Jaumette d’où :
II
– Anthoine MASSON dit COLLIN laboureur de Lambesc,
où il teste le 22 février 1534, alors veuf, veut être inhumé
dans l’église Notre-Dame de la Rose en la tombe de Guilhen
Masson son défunt frère, nomme ses nièces Alamane, Louise et
Catherine Masson filles dudit Guilhen, puis le 27 mai 1541 et
nomme ses filles Sielle, non mariée, Marguerite et Bitrone, et
son fils André, décédé avant 1548 ; épouse 1) vers 1514,
Anthonette alias Anthorone DEDON, soeur de Laure ci-dessus. 2)
suivant promesse du 12 mai 1535 et reconnaissance dot du 29
juin suivant, Pierra MARGAILHAN veuve de Pierre de MERINDOL et
auparavant de Michel SALVATOR,
fille d’Esprit, bourgeois d’Aix (dont le père Claude
Margalhan, notaire, consul d’Aix et secrétaire du roi René,
fut anobli par ce souverain en 1470), et d’Annete SUAU. D’où,
du premier mariage :
III - André MASSON dit COLLIN bourgeois, consul de
Lambesc (1577), qualifié écuyer [aurait rendu aveu et
dénombrement de la bastide du Janet à Lambesc, par acte du 10
octobre 1522 (de Cupis not.)], teste à Lambesc le 31 décembre
1555 (Alméras, not.), puis teste devant le notaire Jehan
Estienne, les 11 avril 1588, 31 mai 1590 (crainte de
l’épidémie de peste), 30 mai 1591, et codicille le 20 juillet
1596 ; épouse par contrat du 12 novembre 1539 à Aix (François
Gautier, not.), Anthonette alias Anthonone de PENA
de Draguignan, fille de feu Auban et de Catherine MARGAILHAN,
elle est nièce de sa belle-mère Pierra Margailhan et
sœur de Lazare Pena, sieur de Valbonnette ; André Masson passe
reconnaissance de la dot de sa femme le 24 janvier 1566 (André
Bernardi, not.). Anthorone Pena est marraine de son petit-fils
André Colin en 1600, elle teste le 6 avril 1609 (Jean Arquier,
not.) et nomme ses enfants Anthoine, Honorat, Spérite veuve
Esmenard, feue Isabeau, et Jehan. D’où :
IV
- Anthoine MASSON dit COLLIN bourgeois de Lambesc,
qualifié écuyer et sieur du Janet, condamné avec son frère
Jehan Masson et Guillaume Gilles pour avoir tué Estienne
Arquier et blessé Jean Dorléans dit Bédoin, ils sont graciés
de leur peine mais, ayant des difficultés à faire enregistrer
ces lettres de rémission au parlement de Paris, se voient
déchargés de toute poursuite (9 juillet 1577) ; lui, ou son
frère Jehan, est nommé au commandement d’une compagnie de cent
hommes d’armes (1585), puis de 200 hommes de pied (10 août
1588), et est nommé gouverneur du château de Ventabren (3
juillet 1589) ; en 1593 il obtient du duc de Guise, baron de
Lambesc, l’érection de la bastide du Janet en fief et nomme
l’année suivante des officiers pour y exercer la justice, est
encore au service en 1595, rend hommage du Janet en 1621 ;
épouse par contrat du 20 avril 1572 à Lambesc (Jehan Estienne,
not.), Genèbre AUDIBERT, de Bonieux, fille de feu Arnaud et de
Claudette de REDORTIER, de l’Isle-sur-Sorgue. Elle fait un
testament le 27 mai 1573 à Lambesc, puis un second en faveur
de son fils Esprit Colin le 17 octobre 1590 (Fayard, not.),
est décédée avant 1599. D’où :
V - Esprit de COLIN écuyer de Lambesc, seigneur du
Janet, épouse par contrat du 16 avril 1599 à Lambesc (Elzias
Bosse, not.), Marguerite de FORBIN fille de Bertrand, seigneur
de Bonneval en Savoie, conseiller du roi commissaire général
des mers du Levant, gouverneur de la baronnie de Lambesc, et
de Jeanne d’IVRAY, sont présents au contrat le père de
l’époux, la mère de l’épouse ainsi que son frère François de
Forbin sieur de Bonneval, qui lui constituent en dot 1500 écus
légués par son père, 200 écus donnés par sa mère, et 300 écus
pour sa part de la succession de Nicolas de Forbin, mort ab
intestat (Titres maison de Forbin). Elle teste le 16
mai 1646 à Lambesc, et nomme ses fils, François et Honoré
prêtre, et ses filles Marguerite, Anne et Claire, mariées aux
sieurs Mérindol, Gillis et Arquier. D’où :
VI
- François COLIN du JANET écuyer de Lambesc,
seigneur du Janet, consul de la ville d’Hyères (1633),
commande une compagnie d’infanterie en 1636, commis au
gouvernement de la Tour de Capeau en 1637, capitaine de la
galère La Servienne, se distingue dans un combat naval donné
devant Gênes contre les Espagnols (septembre 1638), où il est
fait prisonnier et échangé contre un capitaine espagnol, fait
un testament le 16 juin 1640 à Marseille (Gabriel, not.) en
faveur de son fils, commande la galère La Garenne en 1641,
nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi (1645),
blessé au siège de Tortose en Catalogne sous le maréchal de
Schomberg (juillet 1648), mis en congé pour soigner ses
blessures, nommé capitaine lieutenant de La Réale (brevet du
duc de Richelieu du 8 octobre 1648) ; baptisé le 4 novembre
1601 en l’église de Lambesc (parrain noble Anthoine de Colin,
marraine Jehanne de Cadenet), meurt en 1658 ; épouse par
contrat du 23 novembre 1631 à Hyères (Jean Marcel, not.), et
le même jour en l’église de Hyères, Claire de SABOULIN
dame en partie de la Motte-du-Caire, fille de François,
écuyer, seigneur de la Motte-du-Caire, avocat au parlement,
ancien premier consul d’Hyères et député de Provence aux Etats
Généraux, et de Marguerite de CARBONNEL, dame de la Motte.
D’où :
VII – Albert Paul de COLIN du JANET écuyer,
seigneur du Janet, succède à son père comme
capitaine-lieutenant de la galère La Réale (commission du 11
juillet 1658), maintenu dans sa noblesse (jugement du 4
octobre 1668), lieutenant-colonel du régiment des milices de
Provence, est nommé colonel en remplacement de M. de Buoux
(1691) ; le 21 avril 1701 il loge en son hôtel à Lambesc, les
ducs de Bourgogne et de Berry de passage en Provence (« Sa
maison estoit très galamment ornée avec des buis, des
lauriers & des oliviers. Il y avoit aussi beaucoup de
devises. Cette maison se trouva le soir fort agréablement
illuminée & ce Gentilhomme fit tirer des boëttes &
un feu d’artifice », Mercure galant, avril
1701), puis en mars 1716 et pendant douze jours reçoit le
maréchal de Villars et les évêques de Grasse et Senez venus
pour l’assemblée générale des communautés de Provence (A.
Dumont-Castells, Lambesc) ; baptisé le 7 décembre
1633 en l’église collégiale Saint-Paul d’Hyères (parrain
Albert Paul de Forbin chevalier de Saint-Jean de Jérusalem,
commandeur Beaulieu et lieutenant commandant les galères de
France en l’absence du général, marraine demoiselle de
Carbonnel sa grand-mère), décédé le 16 avril 1719 et inhumé à
Lambesc ; épouse par contrat du 9 février 1657 à Lambesc
(Bosse, not.), Marie de THOMAS de LA VALETTE sa cousine, née
en 1635, fille de François Henri, écuyer, seigneur de la
Valette et la Brémone, et de Jeanne de FORBIN BONNEVAL (nièce
de Marguerite de Forbin ci-dessus) en présence d’Emeric de
Lauris et Louis Romieu seigneur de Fos. Elle reçoit en dot
11.000 livres de son grand-oncle Paul Albert de Forbin de
Bonneval, grand prieur de Saint-Gilles. Veuve, elle teste le
26 avril 1730 en faveur de son petit neveu François Honoré
Paul de Thomas de la Valette, et meurt le 26 décembre 1731 à
Lambesc, âgée de 96 ans. Amie de Mme de Grignan, elle est
mentionnée à plusieurs reprises par Mme de Sévigné dans sa
correspondance (« Je vous trouve bien heureuse d’avoir
Mme du Janet, elle est venue tout exprès pour vous, voilà
une amitié qui me plait », Lettre du 14 février 1680).
D’où :
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