Anciennes familles de Provence | ||||
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(de) Lenfant
La famille Lenfant appartient à la noblesse de la ville d'Aix à laquelle elle s'est agrégée, non en droit, puisque la charge de trésorier général acquise en 1674, et celles de conseiller au parlement exercées en 1683 et 1688 n'ont pas été suivies des conditions suffisantes pour l'achèvement nobiliaire, mais par une fortune très rapide qui permit à son auteur, Edme Lenfant, d’établir chacun de ses enfants au sein de la riche bourgeoisie, ayant charges, rentes et fiefs nobles. L’ascension des Lenfant figure, de ce point de vue, parmi les plus remarquables de la bourgeoisie aixoise. L'auteur de la famille, Edme Lenfant, natif d'Auxerre, était hôtelier et tenait à Aix dans les premières années du XVIIe siècle l'auberge à l'enseigne de la Ville de Paris : pour passer sous silence cette origine peu flatteuse, les Lenfant firent croire plus tard qu'ils descendaient d'une ancienne famille chevaleresque de l'Anjou et du Maine, les Lenfant de la Patrière, dont l’un des membres - le père de notre hostelier - entraîné dans les guerres civiles, vit ses biens et titres détruits. Cette assertion, peu originale mais jamais vérifiée, revêt bien pourtant toutes les caractéristiques de la légende et aucune qualification nobiliaire concernant les parents d’Edme Lenfant n’apparaît dans ses contrats de mariage. L’homme fit donc fortune de son activité. Marié en 1603 à Sybille Albin, fille d’un jardinier, il eut quatre fils : Jean né en 1604, Jean-Louis né en 1606, Simon en 1616 et Philippe en 1620, tous quatre auteurs d’une branche. Jean Lenfant, l’aîné, est procureur au siège général d'Aix. Aimé Lenfant, son fils, conseiller au même siège, acquiert les terres de la Colle-Saint-Michel et de Valernes en Haute-Provence, cette dernière ayant le titre de vicomté. Son fils, Honoré de Lenfant, qualifié vicomte de Valernes, meurt en 1743, sans postérité de son mariage avec une petite-nièce du ministre Colbert. Jean-Louis Lenfant, le cadet, est consul d'Aix en 1661 et acquéreur de l’hôtel particulier des Cormis de Beaurecueil à Aix, et au plan d’Aillane près d’Aix des bastides mitoyennes du sieur du Bourguet et du sieur de Gaillard avec leur tènement de terres. Marié dans la bourgeoisie, il a deux filles mariées, l'une en 1686 au marquis de Périer-Flayosc, conseiller au parlement, l'autre en 1696 au premier capitaine de la ville, Honoré de Coriolis ; et un fils, Joseph Lenfant, qui épouse en 1683 la fille du premier président Marin de la Chastaigneraie, avant d’exercer cinq ans plus tard une charge de conseiller en la même cour. Il fait construire au plan d’Aillane le château de Lenfant avec son parc ordonnancé, orné de bassins fontaines et statues. Sa fille unique, née d’un second mariage, épousera en 1734 le sieur Pianelly de la Valette, de Lyon. Simon Lenfant (1616-1693), troisième fils de l’hostelier, fera une carrière plus prestigieuse : intendant de la garnison du roi à Monaco, commissaire ordonnateur des guerres, maître d’hôtel du roi Louis XIV, trésorier général de France en 1674, il est au faîte de sa réussite lorsqu'il fait construire aux portes d'Aix une « folie » sur le modèle du pavillon Vendôme, connue aujourd’hui sous le nom de Pavillon Lenfant. Gendre du conseiller Fagou, Simon Lenfant est père de : Luc de Lenfant (1656-1729), conseiller au parlement en 1683, père d'une fille mariée en 1702 au sieur Boyer d'Eguilles, futur marquis d'Argens ; Thérèse de Lenfant, épouse du conseiller de Bézieux, futur président aux enquêtes, et Louis de Lenfant, qualifié sieur de la Patrière bien que ne possédant rien de cette terre, successeur de son père comme commissaire des guerres et intendant de la garnison de Monaco, chevalier de Saint-Louis et de Saint-Lazare. Ce dernier a deux fils officiers des armées du roi, un autre prévôt de la cathédrale d'Aix en 1786, et enfin l'aîné, Bruno-Louis de Lenfant (1717-1767), qualifié sieur de la Patrière, baron de Bormes, gouverneur du fort de Brégançon, successeur de son père en 1732 dans les charges de commissaire des troupes en Provence et intendant de Monaco. Il laisse pour héritière sa fille Suzanne, mariée en 1769 à Esprit-Hyacinthe d'Albert, président en la cour des comptes, à qui elle apporte la baronnie de Bormes. La quatrième branche, sortie de Provence, est la moins connue. Philippe Lenfant, son auteur, semble avoir quitté l’état ecclésiastique pour se marier ; Jacques Lenfant ou Lanfant, son fils, était directeur des vivres des armées d’Italie lors de son mariage, à Lyon en 1712, avec la fille d’un négociant en soie. De ce couple, très animé par la foi chrétienne, sont nés six fils : quatre furent chartreux, le 5e est le célèbre Père Lenfant, prédicateur célèbre dans toute l’Europe, confesseur du roi Louis XVI, qui mourra lors des journées de septembre 1792, égorgé à la prison de l’Abbaye à Paris ; enfin l’aîné, Jean-Jacques Lanfant, garde du corps du roi. Le 19 septembre 1768, celui-ci fera le voyage de Provence, chez son parent le président Boyer d’Eguilles, afin de faire authentifier par acte notarié sa parenté avec les Lenfant de Provence ; le document sera légalisé en la généralité d’Aix quatre jours plus tard. Marié en 1745, Jean-Jacques Lenfant aura un fils avocat à Nancy, et un petit-fils juge de paix à Mirecourt dans les Vosges, lui-même père d’une fille, Marie de Lenfant, mariée en 1852 à un négociant d’origine méridionale, Odon de Mages. Par un rameau cadet, cette branche des Lenfant se poursuit toutefois jusqu’au lieutenant Jean-Edouard de Lenfant (1893-1936), pilote de chasse, l’un des as de l’aviation française durant la Première Guerre mondiale, décoré de la Légion d’Honneur. Marié deux fois en 1919 et 1931, nous ignorons s’il a postérité (qui serait ainsi, d’après nos recherches, la seule survivance de la famille de Lenfant). Armes : d’or à trois fasces de gueules, à la bordure
componée de gueules et d’or. Ce sont les armes des
Lenfant d’Anjou, brisées d’une bordure. Elles ont été
enregistrées à l’Armorial d’Hozier par Joseph de Lenfant,
conseiller au parlement de Provence. Deux variantes figurent
dans le même volume : de gueules à trois bandes d’or
et même bordure, pour Louis Lenfant, commissaire des guerres, et
pour Joseph Lenfant prieur de Collobrières, frères, et cousin du
précédent, et fascé d’or et de gueules et même
bordure, pour Honoré Lenfant, vicomte de Valernes, fils d’un
autre cousin.
I - Benoît LENFANT habitant d’Auxerre en Bourgogne, décédé avant 1603, épouse Françoise ALLARD ; d’où : II - Edmé ou Aymé LENFANT né à Auxerre, aubergiste et cabaretier à Aix, hôte du logis à l’enseigne de Paris, fait fortune et teste à Aix le 14 août 1654 (François Gilles, not.) ; épouse 1) par contrat du 15 juin 1602 à Aix et le 30 juin suivant en l’église Sainte-Madeleine d’Aix, Suzanne AYSOT veuve de N., fille de feu Antoine, et de feue Anthonette FRANC ; les témoins sont Blaise Geoffroy, procureur en la cour, et Antoine Sauvecane. 2) par contrat du 3 juin 1603 à Aix (Louis Gazel, notaire), et le 8 juin en l’église de la Madeleine, Sybille ALBIN fille de feu Antoine, jardinier, et de Louise PERRINET encore vivante, les témoins sont Philippe Thoras, et Jean Jacques Brignon. D’où, du second mariage :
III - Jean LENFANT procureur du roi au siège d’Aix, baptisé le 17 septembre 1604 en l’église de la Madeleine, épouse le 17 avril 1623 en l’église de la Major de Marseille, Anne de BAYON de Marseille, fille de Claude, marchand cardeur à laine, et de Marguerite BRONDE, en présence de Jean Bergier, Claude Vellin, Antoine Bayon. D’où :
IV - Aimé LENFANT vicomte de Valernes, seigneur de Peiresc et la Colle-Saint-Michel, avocat au parlement de Provence, conseiller du roi au siège général d’Aix (provisions du 10 mai 1649, reçu le 17 juin 1649 en l’office de Jean Meyronnet), achète les seigneuries de Peiresc et la Colle Saint-Michel du sieur de Castellane-Montmeyan et de Claude Fabri de Rians au prix de 36.300 livres, à savoir 22.000 livres pour Peiresc le 24 janvier 1654 (Roux, not. Riez) et 14.300 livres pour la Colle Saint-Michel le 10 juillet 1654 (Alpheran, not. Aix), rend hommage au roi pour ces terres le 20 mars 1655, résigne sa charge à l’avocat Gaspard Bouche (1654), achète de Pierre-Timoléon de Beaufort-Montboissier-Canillac la vicomté de Valernes en la viguerie de Sisteron le 9 décembre 1671 (François Froment, not. Grenoble), pour laquelle il fait hommage le 30 mai 1673 ; né en 1631, décédé à l’âge de 52 ans le 23 septembre 1693 ; épouse le 2 décembre 1655 en la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix, Isabeau de GANTELMY née à Aix en 1638, décédée en 1720 à la Tour d’Aygues, fille d’Honoré, écuyer, seigneur du Castellard, et d’Isabelle de VITALIS. D’où :
V - Honoré de LENFANT chevalier, vicomte de Valernes, seigneur de Peiresc et de la Colle-Saint-Michel, rend hommage pour Valernes le 19 septembre 1696 ; baptisé le 28 octobre 1663 en la cathédrale Saint-Sauveur (parrain Honoré d’Antelmy, marraine Jeanne Lenfant), meurt à l’âge de 79 ans le 24 avril 1743 et est enseveli le lendemain en l’église des Pères Récollets d’Aix ; épouse par contrat du 7 août 1691, Julie Antoinette COLBERT de VILLACERF, fille de Michel, écuyer, seigneur de Villacerf, conseiller au parlement de Paris, maître des requêtes ordinaires du roi et intendant de la généralité d’Alençon, et de Geneviève BAUDOUIN de PRESTY fille d’un conseiller au Châtelet de Paris ; l’époux reçoit de son père la vicomté de Valernes. Julie de Colbert est la petite-nièce du grand Colbert.
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