Anciennes familles de Provence | ||||
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de Cormis
Famille aixoise d’extraction chevaleresque. Les de Cormis tirent leur nom d’un petit pays des environs de Vence. Leur auteur, Raymond Ruffi, alias Roux, chevalier originaire du Milanais, y avait acquis vers l’an 1270 les terres de Comps et de Courmes qui se disent en latin, la première de Comis et la seconde de Cormis : ces deux noms seront portés indistinctement par ses descendants avec celui de Ruffi, jusqu’à ce qu’en 1530 Raphaël de Cormis demande par son testament à son fils de ne plus porter que celui de Cormis. Selon les travaux de l’abbé Tisserand, historien de la ville de Vence, Raymond Roux était fils de Pierre Roux (Rosso, Ruffi) qui rendit de grands services en 1229 à l’empereur Frédéric II et fut nommé comte de l’empire ; sa mère, Constance Rossi, était une fille du gouverneur de Parme. Raymond Ruffi prit part à la croisade de Saint-Louis en 1270 et c’est à cette occasion que, pour avoir défendu un pont contre les Sarrasins, il reçut pour armoiries deux lions dressés tenant un coeur d’or. Haut dignitaire au service de la maison d’Anjou, Raymond Ruffi fut juge-mage de Provence de 1281 à 1288, puis viguier d’Aix de 1289 à 1299. Il teste le 7 août 1292. Les travaux de l’abbé Tisserand n’ayant pas fait paraître suffisamment ses sources, l’identité de l’auteur de la maison de Cormis avec son homonyme Ruffi de Comis magistrat à Aix, a donné prise à la critique légitime de ses contemporains (Mireur, Cortez), sur certains points (distinction d'avec la famille de Comps citée dès 1163, mariage de Raymond Roux avec Béatrix, fille de Guillaume de Cagnosc, chevalier de Draguignan, etc.). Pierre Roux de Comis, cité en 1284 et 1291, proche parent de Raymond, épousa Béatrice fille de Bertrand de Roumoules. Descendant direct de Raymond Ruffi, le capitaine Raphaël de Cormis (1451-1536) est l’un des personnages les plus notables de la famille. Militaire de grande valeur, guerroyant dès l’âge de 18 ans, en 1470, il prend part à "dix batailles rangées, à cent petits combats, à cinquante sièges", et meurt à l’âge de 82 ans, les armes toujours à la main. Chef de guerre au service de la maison de Tende, nommé colonel des légionnaires de Provence (armée de six mille hommes), décoré de l’ordre de Saint-Michel, il est également consul de Vence, et conseiller d’Etat. A sa mort, son fils Pierre de Cormis (v.1500-1572), devant acquitter les dettes de son père, liquide ses biens à Courmes et Roumoules et s’installe définitivement à Aix, où il est reçu avocat au parlement, et se reconstitue un petit domaine sur la terre de Beaurecueil achetée en 1548. Sa postérité se poursuit par les aînés jusqu’à François de Cormis (1639-1734), célèbre avocat au parlement de Provence, juriste avisé que venaient consulter ses confrères dans les affaires épineuses du droit. Il est l'auteur d’un Recueil de consultations sur diverses matières du droit, qui fit autorité en matière de jurisprudence et fut publié à Paris, au lendemain de sa mort. Esprit pointu, mais également âme véritablement charitable, l’avocat Decormis possédait des revenus considérables dont il disposa de son vivant en faveur des pauvres de l’hôpital Saint-Jacques d’Aix ; mourant célibataire, il poursuivra son oeuvre pieuse en faisant don par testament de la totalité de sa fortune aux divers hôpitaux de la ville. Le second rameau aixois de la famille de Cormis conserva la terre de Beaurecueil et étendit ses possessions au hameau de Roques-Haute situé tout près, puis à la terre de Fabrègues par héritage, et enfin au petit marquisat et fort de Brégançon en face des îles d'Hyères, en 1660. Ce dernier sera revendu vers 1683 par Pierre de Cormis marquis de Brégançon, dont le fils, colonel d’infanterie et sénéchal de Toulon, éteignit la branche. Les Cormis, officiers royaux à la fois civils et militaires, ont fourni également six chevaliers de Malte : Guillaume de Cormis en 1362, Raphaël de Cormis en 1372, autre Raphaël de Cormis en 1394, Jean de Cormis en 1421, Honorat de Cormis en 1493, et Artus de Cormis en 1530. Ils ont été confirmés dans leur noblesse par lettres du roi Louis XI en 1482, puis maintenus à l’époque des réformations – mais seulement la branche aixoise en ses deux rameaux - en 1668. La famille de Cormis a formé en effet, très tôt, de nombreuses branches qui ne purent conserver leur noblesse. Beaucoup sont devenues bourgeoises ou paysannes. Il est, du reste, probable qu’avec la variation des formes et noms portés par ses membres (Ruffi, Roux, Decormis, Decomy, Comis, Courmes, etc.), la souche ait donné naissance à de nombreuses familles. La famille de Cormis est aujourd’hui représentée par une branche marseillaise redevenue aixoise en 1900, et qui a obtenu par un jugement du tribunal civil de Marseille en 1911 que son nom patronymique soit orthographié de Cormis au lieu de Decormis, conformément aux titres et pièces d’archives présentées. * Les armes des Cormis sont : d'azur à deux lions affrontés d'or, armés et lampassés de sable, soutenant un coeur d'argent, ainsi que le rapporte l’abbé de Vertot pour le Frère Artus de Cormis, chevalier de Malte en 1530, et ainsi qu’elles figuraient au tombeau des Cormis dans la chapelle de l’Annonciation en l’église des Prêcheux d’Aix, et au château de Beaurecueil en 1658. Elles sont devenues : d'azur à deux lions affrontés d'or, armés et lampassés de sable, tenant un coeur d'argent dans leurs pattes, ainsi enregistrées à l’Armorial général de France par François de Cormis, avocat, par Jean-Pierre de Cormis Saint-Georges, et par Claude de Cormis sieur de Beaurecueil, capitaine au régiment de Bretagne infanterie. André de Cormis, d'une branche restée à Vence, prêtre et doyen de l’église collégiale de Saint-Paul, fit enregistrer pour armes les deux lions affrontés, sans le coeur. Joseph de Cormis archidiacre de l’église de Vence, portait des armes distinctes : de gueules à deux pals vairés d’argent et d’azur.
I – Raymond RUFFI chevalier, seigneur de Borgolio en Lombardie, de Courmes, Comps, Roumoules, juge à Draguignan, puis à Aix en 1269, prend part à la croisade de 1270, juge mage du palais à Marseille en 1277 (dominus R. Ruffus de Cormis), juge mage de Provence de 1281 à 1288, lieutenant du sénéchal en 1286 (Raymundi Ruphi de Comis), conseiller du roi, bailli puis viguier d’Aix à partir de 1289, teste le 7 août 1292 à Aix (Thomas notaire) en faveur de ses fils Rostang et Guillaume, veut être inhumé dans la chapelle des Frères Prêcheurs pour la construction de laquelle il fait un légat et une pension annuelle pour célébrer une messe pour le repos de son âme et pour celle d’Isoarde de Baux sa femme. A sa circonscription d’Aix sont réunies les vigueries d’Hyères et de Tarascon en 1293, il exerce jusqu’en 1299. Il est qualifié juge des secondes appellations en 1303. Il fut le fondateur de l’hôpital du Saint-Esprit de Draguignan, pour lequel il assigna 60 sous de cens annuel pour célébration d’anniversaire. Epouse Isnarde des BAUX, de Balcio; et aussi, peut-être en secondes noces, Béatrice de CAGNOSC, fille de Guillaume, chevalier de Draguignan. D’où :
II – Rostang RUFFI de COMPS chevalier, seigneur de Courmes et Comps, et en partie de Gassin et Roumoules, rend hommage au comte de Provence en 1310, teste en 1313 (Hugon Martin notaire à Roumoules) ; épouse Marie de BLEVIS alias Blieux, dame de Roumoules, fille de Requiston, chevalier, co-seigneur de Roumoules. D’où :
III – Constant RUFFI de CORMIS chevalier, seigneur de Courmes et Comps, en partie de Roumoules, teste le 5 octobre 1328, épouse Catherine de PENA fille de N., co-seigneur de Roumoules. D’où :
IV – Rostang RUFFI de CORMIS chevalier, seigneur de Courmes et en partie de la terre de Roumoules pour laquelle il rend hommage au roi le 4 novembre 1354 : Rostan de Cormis transige en 1352 avec les dominicains de Draguignan au sujet d’un legs de 60 sols de pension annuelle fait par Raymond, son ayeul. Il teste le 8 octobre 1355 (Martin, notaire à Roumoules) puis à Aix le 5 octobre 1382 (Féraud notaire); épouse Jeanne de PODIO alias du Puy, fille de Guillaume, co-seigneur de Roumoules. D’où :
V – Honoré RUFFI de CORMIS chevalier, seigneur de Cormis et en partie de Roumoules, teste en faveur de son fils André le 9 mars 1374 (Jean Martin, notaire de Roumoules), nommé juge de Marseille ; épouse 1) Béatrix de BEAUMONT. 2) Jeanne de VILLENEUVE-VENCE, fille de Guichard seigneur de Tourrettes et Vence, gouverneur de Vence. D’où :
VI – André RUFFI de CORMIS chevalier, seigneur de Cormis, Mons, Roquevieux, Tournon, Gassin, Cogolin, Ramatuelle, Saint-Tropez, Chasteuil, Châteauneuf, Callian, Montauroux, Puibresson, Bagnols vieux, et en partie de Roumoules ; rend hommage pour ses terres le 7 octobre 1399, reçoit des lettres de privilèges de la reine Marie le 17 juillet 1387, reçoit en donation de sa tante Gassende de Beaumont les terres de Tournefort, Barras, Beaudument, la Pérusse et Villosc, le 10 février 1407 (Giraud notaire d’Esparron) ; teste en faveur de sonfils Arnaud le 26 décembre 1412 à Aix (Etienne Chaulan, notaire). Epouse Catherine d’AGOULT fille d’Arnaud, citée dans un acte le 13 décembre 1412, alors veuve. D’où :
VII – Antoine-Arnaud RUFFI de CORMIS chevalier, seigneur de Courmes, et en partie de Roumoules, d’abord religieux à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, renonce à ses voeux pour se marier, héritier de son oncle André de Cormis pour Courmes, fait une transaction avec ses soeurs en 1433, teste en faveur de son fils Etienne le 2 juin 1456 (Isnard Fabry, notaire de Roumoules), et fait des legs à Raphael son petit-fils et à Georges et Antoine de Cormis ses fils, veut être inhumé dans le tombeau construit par son ancêtre Raymond en la chapelle de l’Annonciation au couvent des frères prêcheurs d’Aix, il se distingue encore à la bataille de Sarno en 1459. Epouse Béatrix d’ESCRAGNOLLES, fille de Louis [REQUISTON, seigneur d’Escragnolles]. D’où :
VIII – Etienne RUFFI de CORMIS chevalier, co-seigneur de Courmes et de Roumoules, favori du comte de Tende, fait ses premières armes auprès de son père à Sarno en 1459, puis rend de grands services à Jean de Calabre dans ses guerres de Naples, est confirmé dans son ancienne noblesse avec son fils Raphaël, par lettres patentes du roi Louis XI données à Cléry en juillet 1482, nommé consul de Vence en 1484, avait fondé en 1480 la chapelle de l’Annonciade à Vence, teste à Vence en faveur de son fils Raphaël de Cormis en 1493. Epouse en 1438, Lucie de LASCARIS fille du seigneur de Castellar. D’où :
IX – Raphaël de CORMIS dit capitaine Comergue, chevalier, seigneur de Courmes et de Roumoules, commence à guerroyer auprès de son père sous Jean de Calabre en 1470, assiste à dix batailles rangées, à cent petits combats, à cinquante sièges, participe notamment aux guerres du Milanais, combat à Novare sous la Trémouille, à Aguadel contre les Vénitiens, se distingue à Marignan dans l’infanterie de Pierre de Navarre, à la prise de Milan et Brescia, au siège de Vérone, partit combattre en Suède ; élu consul de Vence en 1513, capitaine d’une bande de cent hommes à pieds, chevalier de l’ordre de Saint-Michel, capitaine-gouverneur de Saint-Paul-de-Vence en 1524, conseiller d’Etat, colonel des légionnaires de Provence en 1534. Il teste à Vence le 13 décembre 1530 (Honoré Bonnet notaire), âgé de 79 ans, ainsi que sa femme et leur fils Pierre ; par ce testament il veut que son coeur soit transporté au tombeau d'Aix, fondé à la chapelle de l'Annonciation dans l'église des Prêcheurs où sont les armes de sa maison, institue son héritier noble Pierre, son fils, et lui ordonne de porter les armes données par le roi de Sicile à nobles Pierre et Raimond, ses devanciers, et aussi de ne plus porter le nom de Ruffi. Né en 1451, il meurt tué en combattant l’armée de Charles Quint près d’Antibes le 28 juillet 1536, à l’âge de 84 ans. Epouse par contrat du 20 novembre 1488 à Vence (Honoré Curti notaire), Astruge de REILLANE fille de Fouques, seigneur de Reillane, et de Catherine BALBI, en présence de grands seigneurs, le sieurs de Vence et de Tourrettes, Nicolas et Antoine de Villeneuve, Bertrand de Grasse et Yolande de Villeneuve sa femme etc. D’où :
X – Pierre de CORMIS écuyer de Vence, installé à Aix, reçu docteur en droits à l’Université de Pise en 1519, il prend du service et est nommé la même année par René de Savoie viguier et capitaine des places de Castellane, Colmar, Aont et Guillaume jusqu’en 1522, puis en 1524 gouverneur de la viguerie de Digne ; lieutenant de mille hommes sous les ordres de son père, il porte son drapeau à la prise de Bologne, se signale à Ravennes, Novare. Avocat en la cour du parlement de Provence, conseiller d’Etat en 1543, reçoit la même année une pension de 500 livres du roi François Ier en récompense des services rendus par ses prédécesseurs, achète en 1548 la terre de Beaurecueil, arrière-fief de l’archevêché d’Aix, de Balthasar de Jarente seigneur de Sénas et du Tholonet, teste à Aix le 26 décembre 1567, le 2 novembre 1568, le 22 août 1569 (Barthélémy Quatrebard notaire), le 6 mai 1572 (Blaise Brueys notaire), meurt la même année et est inhumé au couvent des Frères Prêcheurs, épouse en 1) par contrat du 2 mai 1511 à Vence (Raymond notaire), Alayone JULIANI. 2) Anthourone alias Anthonie MARTIN. D’où :
XI - Claude de CORMIS écuyer, seigneur de Beaurecueil (bastide au Tholonet et terres roturières transformées en fief avec basse juridiction en sa faveur par Balthasar de Gérente, baron de Senas, à cause de sa seigneurie du Tholonet, le 3 novembre 1570) et du clos de Fenayes à Ansouis (dont il rend hommage au roi le 7 mai 1586), docteur en droits de l’université d’Avignon en 1555, avocat au parlement d’Aix, « jurisconsulte habile, guerrier comme ses aïeux, chéri de la famille de Tende, et très estimé de Henri IV », teste le 25 octobre 1569 puis à nouveau à Aix le 5 août 1582 (Catrebard notaire), né à Vence (parrain Claude de Tende gouverneur de Provence), décédé en 1601, inhumé aux Frères Prêcheurs, épouse suivant contrat du 4 avril 1558, Marguerite de BAUDON de Riez, fille d’André, écuyer, seigneur en partie de Riez et de Saint-Julien d’Asse, et de Marthe de GOMBERT dite de DROMON ; elle est soeur de Françoise Baudon épouse du conseiller référendaire Barthélémy Michel de Martelly, et teste à Aix en faveur de ses fils Artus et Pierre le 12 février 1618 (Astier notaire). D’où :
XII - Artus de CORMIS écuyer d’Aix, docteur en droits en 1597, avocat au parlement, jurisconsulte, syndic, élu deux fois assesseur d’Aix en 1605 et 1616, primicier de l’université, décédé après 1646 ; épouse [1) Antonette de GANTES fille de Pierre. 2)] le 6 février 1605 à la Madeleine, suivant contrat passé la veille (Jean de Citrane notaire), Jeanne de BADET née en décembre 1585 à Aix, fille d’Antoine, seigneur de Gardanne, conseiller du roi au parlement de Provence, et de Fleurette des GRAS ; en présence des témoins Boniface Capucy et Pierre Astier. Elle est inhumée le 1er mai 1643 aux Observantins. D’où : XIII - Antoine de CORMIS écuyer d’Aix, avocat au parlement, syndic des communautés de Provence, assesseur d’Aix en 1639, épouse par contrat du 22 mars 1625 à Aix (Beaufort, notaire), Françoise du PERIER âgée de 22 ans, née en septembre 1603 à Aix, fille de François, écuyer, premier consul d’Aix, gentilhomme de la chambre du roi, et de Catherine d’ESTIENNE. D’où :
XIV - François de CORMIS avocat distingué, et consistorial, au parlement d’Aix, juriste, professeur de droit à l’université d’Aix de 1680 à 1734, syndic des communautés de Provence, maintenu noble par jugement du 21 novembre 1668, donna une édition des oeuvres de son oncle Scipion Dupérier imprimées en deux volumes à Toulouse en 1721, resta à Aix pendant malgré la contagion de 1720-21 et fut l’un des promoteurs de la quarantaine salutaire ordonnée par le marquis de Vauvenargues premier consul. Baptisé le 25 juillet 1639 à Saint-Sauveur (parrain Pierre de Cormis, marraine Marie du Périer), il meurt le 4 juin 1734 à Aix, à l’âge de 94 ans, sans alliance. Ayant souscrit une tontine, il se trouvait à sa mort dans la 11e classe, qui lui produisait 57 000 livres de rente annuelles, dont il légua beaucoup, sa vie durant et à sa mort, aux pauvres et aux hôpitaux.
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