Anciennes familles de Provence | ||||
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Gibert
Famille ancienne et distinguée d’Aix, fixée en cette ville peu avant 1575, anoblie par charge de secrétaire du roi en 1608 et maintenue noble en 1669, malgré des irrégularités. La famille Gibert s’est surtout illustrée par trois savants, qui firent carrière à Paris : un canoniste, l’abbé Jean-Pierre Gibert (1660-1736), auteur de nombreux ouvrages, un rhétoricien, le P. Balthasar Gibert (1662-1741) recteur de l’université de Paris et ami de Boileau, et un historien, Joseph-Balthasar Gibert (1711-1771) membre de l’Académie des Belles-Lettres. Joseph-Louis Gibert des Molières (1746-1799), fils cadet de ce dernier, était administrateur des Fermes du roi lorsqu’éclata la Révolution. Député aux Cinq-Cents (1795) chargé notamment des questions financières, chef du parti des Clichyens, il est renversé lors du coup d’Etat mené par Barras le 18 fructidor (4 septembre 1797), et déporté aussitôt à Cayenne, où il meurt de fièvre au bout de six mois. Il ne laisse qu’un fils, Antoine Gibert des Molières (1782-1846) qui part vivre à l’île Bourbon (Réunion) où il devient procureur et conseiller à la cour royale de Saint-Denis. Marié en 1807 à la fille d’un officier breton devenu notaire, il est père de Jean-Baptiste Gibert des Molières (1816-1873) magistrat, maire de Saint-Denis de 1855 à 1870, puis directeur de l’administration française de Cochinchine en 1872, mort sans postérité. La sœur de ce dernier, épouse d’un négociant et agent de change, décédée à Paris en 1885, est la dernière du nom. Toutefois, un rameau des Gibert, installé vers 1747 près de Chartres puis à Saumur en Anjou, était représenté sous l’Empire par un personnage dont le destin fut lui aussi, comme son cousin Gilbert-Desmolières, marqué par le fer de la Révolution. Michel-Henri Gibert (1750-1831), procureur du roi à Saumur, était membre du directoire de la ville en 1793, lorsque son nom fut porté sur la liste des suspects. Nous reproduisons ici les mots de l’historien Roux-Alphéran qui fit sa connaissance, l’espace de quelques heures, au cours de l’hiver 1812 (Les rues d’Aix, tome 1, 1846) : « Dans la soirée du 27 janvier 1812, nous vîmes dans les prisons d'Aix, l'un des derniers rejetons de cette honorable famille. Sur quelques indications incertaines il nous avait fait prier d'aller le voir, croyant qu'il existait quelque parenté entre nous. Il nous apprit qu'il s'appelait Michel-Henri Gibert, ancien Procureur du roi à l'élection de Saumur, en Anjou. Lors des premiers troubles de la Vendée, il avait pris parti dans l'armée Catholique et royaliste sous les ordres du général Stofflet qui lui avait conféré le grade de lieutenant-colonel, et il avait combattu pendant plusieurs années contre les bleus. A l'époque de la pacification de la Vendée, il avait été excepté de l'amnistie, et le premier consul Bonaparte, l'avait envoyé comme prisonnier d'Etat aux îles de Sainte-Marguerite, où il était demeuré pendant dix ans. La gendarmerie le reconduisait à Paris de brigade en brigade, comme un malfaiteur, lorsque nous le vîmes, et il ignorait le sort qui lui était réservé. Il ne coucha qu'une nuit à Aix et repartit le lendemain au point du jour. Dans le courant de quelques heures que nous passâmes ensemble à la conciergerie, nous nous entretînmes de son oncle et de ses grands oncles qui ont illustré notre ville; de son cousin Gibert Desmolières; de M. Etienne Michel Gibert, son père, natif d'Aix, frère de Joseph Balthazar. Il nous apprit qu'Etienne Michel était mort procureur du roi à Saumur, et que le recteur de l'université de Paris avait attiré dans la capitale ses deux neveux, devenus orphelins, à la mort de leur père, mort à Aix de la peste, en 1720. Enfin il s'établit une telle confiance entre nous, que nous parlâmes politique et fûmes bientôt convaincus que nous partagions l'un et l'autre au fond du cœur, les mêmes opinions. Près de quinze ans s'écoulèrent ensuite, sans que nous eussions pu nous procurer des nouvelles de ce galant homme lorsque le hasard nous en donna. Il ne nous avait cependant point oublié, mais il ignorait ce que nous pouvions être devenu. Une petite succession qui lui était obvenue, l'obligea de rechercher quelques titres à Aix. C'est alors qu’il nous apprit qu'étant encore resté plus de deux ans dans les prisons de Paris, il avait enfin été mis en liberté par l'empereur de Russie Alexandre lorsque ce monarque avait fait relâcher tous les prisonniers d'Etat, au mois d'avril 1814. Madame de Montboissier, fille de l'illustre M. de Malesherbes, l'un des défenseurs de Louis XVI, l'avait ensuite recommandé à Louis XVIII, et l'avait fait nommer gentilhomme-servant dans la maison du roi. Son grade de lieutenant-colonel lui avait été conservé et il avait obtenu la croix de Saint-Louis, en récompense de ses services et de ses souffrances. Quoiqu'il fût âgé de 76 ans, lorsqu'il nous écrivait, il courait tous les jours les rues de Paris, à pied, comme pour se dédommager, nous disait-il, de sa longue captivité. Ce loyal et franc royaliste mourut à Paris, le 2 janvier 1831, avec le regret sans doute, d'avoir vu s'écrouler encore une fois le trône des Bourbons. Il laissait un frère cadet qui lui survécut jusqu'au 8 février de la même année 1831, et en qui cette famille s'est éteinte. Celui-ci a légué à la ville d'Aix les portraits du canoniste Gibert, du recteur de l'université et de l'académicien du même nom ; portraits qu'on voit actuellement dans une des salles de la bibliothèque Méjanes, à l'Hôtel-de-Ville. » Armes : d’or au lion de gueules au chef d’azur chargé de trois étoiles du champ. Elles ont été inscrites ainsi à l’Armorial général par Joseph Gibert, conseiller du roi référendaire en la chancellerie, Félix Gibert écuyer, Jean-Baptiste Gibert, vicaire de Berre, et Anne de Gibert veuve de Michel Boeuf.
I - Raymond GIBERT de Martigues, épouse Jaumette GRAILHE d’où :
II - Joseph GIBERT docteur en droits, avocat au parlement de Provence, primicier de l’université d’Aix (1592), assesseur d’Aix (1592), décédé le 5 décembre 1617 à Aix et inhumé au couvent des Grands-Carmes ; épouse par contrat du 3 décembre 1575 à Aix, Louise de MICHAELIS fille d’Esprit bourgeois d’Aix, et de Marie d’ARBAUD. D’où :
III - Raymond GIBERT avocat au parlement de Provence, fut en litige en 1645 avec François Bonieux au sujet d’une maison à Aix (Arrêts de Boniface) ; baptisé le 27 mai 1596 en l’église Sainte-Madeleine (parrain Raymond de Piolenc président au parlement, marraine Anne d’Agout) ; épouse 1) par contrat du 1er avril 1619 à Aix, Claire CROZE de PEYRONET fille d’Esprit, conseiller du roi au parlement de Provence, sieur de Saint-Martin de Renacas, et de Jeanne de JOANNIS. 2) par contrat du 29 juin 1621 et en l’église Sainte-Madeleine d’Aix, Louise d’ESTIENNE fille de Thomas, conseiller du roi au siège général d’Aix, et de Sybille de ROMANY ; en présence de Joseph Jourdan et Gaspard Bouchet. D’où :
IV - Joseph GIBERT avocat au parlement de Provence, nommé conseiller et secrétaire du roi référendaire en la chancellerie de Provence ; né à Aix, baptisé le 18 avril 1633 en l’église Sainte-Madeleine (parrain Jean Gibert prêtre, prieur et vicaire de Peiruis, marraine Anne de Seillans), il meurt le 19 juin 1718 à Aix, et est enseveli le même jour en la paroisse de la Madeleine, âgé de 85 ans ; épouse le 19 novembre 1654 en l’église claustrale de Saint-Chamas, Anne d’AMPHOUX fille de feu François, docteur en médecine, bourgeois de Saint-Chamas, et de Marguerite FERRY, en présence de François Gibert, M. Blanc avocat en la cour, et Simon Carbonnel. Elle meurt le 16 octobre 1692. D’où :
V – Louis GIBERT bourgeois, consul d’Aix, baptisé le 14 juin 1665 en l’église Sainte-Madeleine (parrain André Blanc, marraine Delphine Bouchaud), décédé à Aix à l’âge de presque 80 ans le 7 mars 1745, inhumé le lendemain en la paroisse de la Madeleine.
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