Anciennes familles de Provence | ||||
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(de) Maynier
La famille de Maynier, des sieurs de Lambert, Rochefort et Moydans, appartient à la noblesse parlementaire d’Aix. Elle est une branche illégitime des Maynier d’Oppède. Son auteur, Raymond Maynier, procureur au siège général d’Aix, apparaît en effet comme un fils tardif et certainement illégitime du fameux Accurse Maynier (1450-1536), baron d’Oppède et premier président au parlement d’Aix. Cette hypothèse, clairement analysée en 1971 par François-Paul Blanc dans son travail sur l’origine de la noblesse provençale, se déduit de plusieurs éléments. D’abord, du testament de Jean de Maynier, premier président au parlement d’Aix, fils aîné d’Accurse (et donc demi-frère de Raymond), daté du 22 juin 1558, par lequel il institue pour héritiers universels les enfants mâles de ses filles (d’où les Forbin-Maynier d’Oppède) mais abandonne « pour la décharge de sa conscience » tout l’argent liquide que l’on trouverait chez lui, au moment de son décès, à Christophe de Maynier, fils dudit Raymond. Ensuite, l’attitude des deux branches de la famille de Maynier lors des enquêtes de noblesse ordonnées par Louis XIV. La branche aînée, jouissant d’un anoblissement graduel, c’est-à-dire résultant de l’exercice sur deux générations d’une charge de conseiller du roi en cour souveraine (1599 et 1606), ne prétendit pas autrement justifier son appartenance au second ordre et fut maintenue, sans difficulté, le 21 janvier 1669. La branche cadette, fixée à Saint-Maximin, n’ayant pas dans son ascendance les deux générations requises, fut condamnée, en la personne de Gabriel de Maynier, par jugement de la commission du 14 avril 1668, à 300 livres d’amende et 20 livres de dépens. Réassigné en 1700, Gabriel de Maynier affirma qu’il n’avait aucune prétention à la noblesse et que la qualité de « noble » qu’il « repousse », ne lui a été donnée qu’une fois et à son insu, dans une quittance de 1666. Il fut en conséquence déchargé de la poursuite, par ordonnance du 9 juin 1700. Réassigné le 21 mars 1703, il produit alors devant l’intendant Lebret un testament de Raymond Maynier son bisayeul, passé devant Me Pelet notaire à Aix le 10 août 1540, dans lequel le testateur serait né d’un second mariage d’Accurse Maynier contracté à Toulouse avec demoiselle Claire de Cambolas. Selon F.-P. Blanc, ce testament inventé pour les besoins de la cause, n’existerait pas. Ou en tout cas, on peut penser qu’il ne mentionne pas la paternité du testateur ; pas plus qu’un autre testament de Raymond Maynier, bien réel, lui, aux écritures de Me Jean Tisati, le 16 juin 1570, et analysé par M. Léon Martin, ne mentionnant pas le nom du père de Raymond. Raymond Maynier, procureur royal à Aix, était né à Avignon, berceau des Maynier d’Oppède. Son fils, Christophe de Maynier (1541-1606), acquéreur en 1574 du petit fief montagnard de Lambert, au nord de Digne, est reçu conseiller au parlement en 1599. Marié deux fois et père de 16 enfants, dont un fils nommé lieutenant général de l’amirauté de Martigues en 1644, et l’aîné, Raymond de Maynier (1577-1632), héritier de la charge de son père. Ce dernier a trois fils : le plus jeune forme le rameau de Maynier-Bussan à Aix, éteint deux générations plus tard, le cadet qui serait parti à Monaco, et l’aîné, consul d’Aix, maintenu noble en 1669, dont la descendance se retire au château de Moydans, diocèse de Gap, en Dauphiné, reçu par héritage. Marie Charlotte Sybille de Meynier de Moydans (1749-1808) marié au marquis Abel de Perrotin de Bellegarde (1728-1803), est la dernière de cette branche. La branche de Saint-Maximin est issue d’un fils cadet de Christophe, Nicolas de Maynier, installé en cette ville par mariage en 1614, père de Jacques de Maynier avocat au parlement, et ayeul de Nicolas de Maynier, maintenu noble avec son oncle Gabriel en 1703, selon les arguments que l’on sait. L’orthographe est tantôt Maynier (Mainier...), tantôt Meynier (Meinier). Les Maynier d’Oppède, installés à Avignon depuis plusieurs générations, seraient originaires de Manosque, issus des anciens seigneurs de Saint-Marcel vassaux des comtes de Forcalquier dès le XIe siècle. De cette souche se revendiquent également les Maynier de Manosque qui reprendront, en la personne de Balthasar de Meynier Francfort, auteur de l’Histoire de la principale noblesse de Provence en 1719, le nom et les armes de ces anciens seigneurs. On peut leur rattacher certainement les Maynier, de Digne, et ceux de Draguignan, seigneurs du Revest, éteints dans la maison de Sassy-Villehaute. D’autres Meynier existaient à Gap au XVIIe siècle (Armorial Haut-Alpin), à Tallard dès 1410, et une lignée d’apothicaires issue d’Antoine Maynier arrivé à Apt vers 1539 (Servel). * Armes : d’azur à deux chevrons d’argent rompus, l’un à dextre l’autre à senestre. Elles ont été ainsi enregistrées à l’Armorial général par Sextius de Maynier, écuyer; ce sont les armes pleines des Maynier d’Oppède, lesquelles figurent à l’arceau de la porte d’entrée du château d’Oppède. Gabriel de Maynier, bourgeois de Saint-Maximin, ainsi que Madeleine de Clapiers, sa belle-soeur, veuve de Jacques de Maynier, avocat au parlement, firent inscrire les mêmes armes mais écartelées au 1 et 4 de gueules à un château ouvert donjonné de deux tours d’or, qui sont les armes des Acquin. Selon La Chesnaye, les Maynier de Lambert portaient les chevrons rompus l’un à senestre, l’autre à dextre, c’est-à-dire de manière inversée. L’Armorial d’Hozier, sur ce point, ne nous renseigne pas puisque le seul membre de cette branche inscrit, « Lambert Meynier Rochefort bourgeois de la ville d’Aix », se vit attribuer des armes fantaisistes : de sinople au sautoir d’argent, coupé d’argent au lévrier de sinople. Artefeuil, d’après l’abbé Robert de Briançon, donne aux Maynier de Lambert et Rochefort les armes suivantes : écartelé au 1 et 4 d’or à un château ouvert donjonné de deux tours de gueules, aux 2 et 3 de gueules à trois écussons d’or, et sur le tout d’azur à deux chevrons d’argent rompus, l’un à dextre l’autre à senestre.
I – (François) Raymond MEYNIER alias Reymonet (fils d’Accurse président du parlement, et de Claire de Cambolas), notaire, puis procureur au siège d’Aix, pourvu de l’un des quatre offices de tablier en la cour des premières appellations de Provence vacant par la résignation que fait en sa faveur Jean Saintot, suivant lettres royales données à Paris le 11 février 1528, né à Avignon, naturalisé par lettres de François 1er de février 1542, teste à Aix le 10 décembre 1564, puis le 16 juillet 1570 devant Jean Tisati notaire ; épouse 1) Anne DAGNAN. 2) vers 1540 à Avignon, Françoise ACQUIN qui teste le 3 août 1576 (Olivier Melon, not.), et est marraine à Aix de sa petite-fille Lucrèce en 1586, elle teste à Aix le 8 juillet 1580, puis le 27 août 1593. D’où :
II - Christophle de MAYNIER seigneur de Lambert, légataire de son oncle le président Jean de Maynier (testament du 2 juin 1558), docteur en droits de l’université d’Aix (septembre 1562), avocat au parlement de Provence, « grand jurisconsulte ne dégénérant pas de la bravoure de son origine » ; achète une partie de la terre de la Lambert aux enchères au prix de 510 livres (1er décembre 1574), élu assesseur d’Aix (1583, 1593), il fait, lors du siège de la ville par le duc d’Epernon, une « sortie avec la populace et chassa les troupes du poste des Capucins, il enleva deux canons » (Barcillon, Maynier), rend hommage au roi pour sa terre et seigneurie de Lambert (3 janvier 1597), est reçu en une charge de conseiller du roi au parlement de Provence (provisions du 10 septembre 1598, réception le 9 mars 1599), teste le 15 octobre 1606 à Aix (Barthélémy et Maurel not.) ; baptisé le 21 janvier 1541 en l’église de la Madeleine d’Aix (parrain Christophe del..., marraine Marguerite de Glandevès), meurt en charge en 1606, laissant 29 307 livres de dettes ; épouse 1) par contrat du 24 octobre 1576 à Aix, Louise d’ALBIS fille de Barnabé, secrétaire du roi en la chancellerie de Provence, et de Louise de BEAU. 2) par contrat du 24 avril 1585 à Aix (Barthélémy Catrebard, notaire), Marguerite de GUIRAN fille de Gaspard, sieur de la Morée, maître rational en la chambre des Comptes de Provence, et de Claude GONTARD, l’épouse est assistée de son père et d’André Guiran son frère, tous deux conseillers à la cour des Comptes, et de Françoise Guiran sa tante, veuve de Louis Martini conseiller au parlement. D’où :
III - Raymond de MAYNIER écuyer d’Aix, seigneur de Lambert, pourvu de l’office de conseiller du roi au parlement de Provence par lettres du 21 mars 1606, et reçu le 30 avril 1607 en la charge de son père, résigne en 1632 en faveur de Charles de Lombard, teste le 28 juillet 1632 (Gautier notaire à Aix) ; baptisé le 29 mars 1577 en l’église de la Madeleine à Aix (parrain Boniface Pellicot président du parlement, marraine Marguerite de Brancas comtesse de Carcès), décédé à l’âge de 65 ans, inhumé en l’église des Dominicains d’Aix le 30 juillet 1632 ; épouse par contrat du 7 février 1622 à Aix (Brueys notaire), Lucrèce de DEDONS fille de Jean-Antoine (1561-1621), docteur en droits, conseiller du roi au parlement de Provence, et de Victoire d’OLIVARY. D’où :
IV - Christophe de MAYNIER de BUSSAN écuyer d’Aix, seigneur de Lambert et de Rochefort, élu deux fois second consul d’Aix et procureur au pays, en 1650 puis en 1684, maintenu dans sa noblesse par jugement du 21 janvier 1669, décédé avant 1693 ; épouse 1) le 19 janvier 1644 à Bayons (Marie notaire), Françoise FAURE de CHYPRES fille de Charles, écuyer, sieur de Subreroche, Vocable, Montauban, et de Philippe de BONNE d’AURIAC dame de Bayons. 2) le 28 octobre 1686 en l’église Sainte-Madeleine d’Aix, Anne de TRECOURT, âgée 38 ans, veuve de Jacques de CIPIERES avocat au parlement, née en 1648 à Aix, fille de feu Nicolas, bourgeois, et de Lucrèce de SAINT-MARC. D’où, du premier lit :
V – François-Antoine de MEYNIER de ROCHEFORT écuyer, appelé le Marquis de Rochefort, seigneur de Rochefort et de Lambert, et de Moydans, officier militaire, récompensé de ses faits d’armes par le roi qui le fait, de sa main, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, teste à Cassis le 12 août 1730 (Cydin notaire) ; baptisé le 21 mai 1647 en l’église Sainte-Magdeleine d’Aix (parrain Antoine de Meynier conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel de l’amirauté de Martigues, marraine Jeanne Dounon), épouse par contrat du 26 juin 1676 à Gap (Armand notaire), et en l’église de Moydans, Marie du SERRE fille d’Honoré et d’Alix d’ALMERAS dame d’Orcières, héritière de Moydans. Elle meurt le 14 septembre 1708, âgée d’environ 60 ans, inhumée le lendemain au tombeau de sa mère, décédée six mois plus tôt, à Moydans. 2) vers 1685, Anne-Marquise de MOUSTIER fille de Pierre, écuyer de Marseille, et de Gabrielle de SABRAN, sa troisième épouse. Remariée à François de SIBON, lieutenant-général en la sénéchaussée d’Aix, et décédée en 1770. D’où, du premier lit :
VI – Christophe de MEYNIER de ROCHEFORT écuyer, seigneur en partie de Moydans, né le 11 novembre 1682, baptisé le 26 suivant en l’église de Moydans (parrain Christophe de Meynier seigneur de Lambert, d’Aix, marraine Alix d’Alméras dame de Moydans), héritier de sa grand mère maternelle en 1717, meurt en 1745 ; épouse le 20 mars 1714 en l’église de Saint-Pierre d’Argenson et suivant contrat reçu Lagier, notaire à Veynes, Marie de FLOTTE, fille d’Etienne, seigneur de Saint-Pierre et de Château-la-Baume, et de Marie de BERTRAND. Elle teste le 27 août 1753 à Serres (Bonnet notaire) et décède le 26 novembre 1761 à Moydans, inhumée le lendemain, âgée de 80 ans environ. D’où:
VII – Reynaud de MEYNIER de MOYDANS écuyer, seigneur de Moydans, émigré, né le 15 mars 1715 ondoyé, baptisé le 20 en l’église de Moydans (parrain Reynaud du Serre seigneur baron de Thesc, chevalier de l’ordre de Saint-Lazare, de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Jean de Jérusalem, marraine Marie de Bertrand dame de Saint-Pierre) ; décédé après 1796 ; épouse le 21 mai 1748 en l’église cathédrale de Carpentras, Marie Charlotte de BLEDIER, de Carpentras, fille de feu Joseph François, docteur en droits, ancien consul de Carpentras, et de Jeanne Marie de LANTIANY, en présence de Louis François de Raymond de Modène, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, et de François Elzéar Ignace de Manent de Monteaux, chevalier, seigneur de la Baume. Elle meurt en mettant au monde son deuxième enfant, le 12 décembre 1752, inhumée le lendemain à Moydans. D’où :
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